JSA de Chan-wook Park

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L’histoire du film se déroule dans la Joint Security Area (ou Zone Commune de Sécurité) : cette zone tampon de 800 m de diamètre, frontière entre la Corée du Nord communiste et la Corée du Sud “libérale” (dont la partie est gérée par les Nations Unies), et lieu de réunions entre officiels de chaque camp. Suite à un double assassinat de militaires nord-coréens dans leur poste de garde par le sergent sud-coréen Lee (Byung-hun LEE), le commandant Sophie E Jean (Young-ae LEE), une suissesse d’origine coréenne, est chargée par la Commission de Supervision des Nations Neutres de mener l’enquête sur les causes de cet incident militaire et diplomatique. Elle va alors interroger les deux principaux protagonistes, le coupable et le sergent Oh (Kang-ho SANG, admirable), le seul rescapé nord-coréen du poste de garde. Elle découvrira rapidement que les déclarations opposées des deux sous-officiers, ainsi que la présence d’éléments matériels contradictoires, cachent en réalité une troisième version des faits que les deux hommes cherchent à cacher.
JSA, Grand Prix du Festival Asiatique de Deauville 2001 et record de fréquentation en Corée (du Sud évidemment) est une petite merveille. Loin (très) des produits américains qui auraient exploité l’intrigue, le suspense, l’imminence du conflit et la lutte (armée) du bien contre le mal, Chan-wook PARK (réalisateur également de l’excellent “Sympathy for Mr Vengeance”) a fait de son film, tiré du roman de Sang-yeon PARK, “DMZ”, une œuvre profondément humaniste et un pamphlet antimilitaro-politique. Le sujet est en fait la question de la possibilité d’une amitié entre des ennemis malgré eux, frères historiquement, forcés à se (re)découvrir alors que tout les unit, et dans un contexte géopolitique qui dépasse l’entendement et dont les conséquences quotidiennes frisent l’absurde (comme ce militaire qui recule parce que son ombre a franchi la ligne marquant la frontière).

Utilisant plusieurs fois le principe d’enchaînement d’une scène rappelant la précédente dans le camp adverse, Chan-wook Park , en privilégiant ses personnages (notamment par le jeu des acteurs), relève ainsi avec sensibilité leur ambiguïté, leur endoctrinement et leurs a priori. Le cinéaste parsème également son film d’une multitude de scènes humoristiques sur la naïveté de ces soldats et sur le surréalisme de certaines situations (telle la rencontre inopportune à l’orée d’une forêt enneigée de deux troupes ennemies). Par cette réalisation, il montre que son propos relève beaucoup plus de l’humain que de l’engagement politique. Enfin, le pessimisme du dénouement insiste sur l’urgence pour tout un peuple d’en finir avec cette séparation contrainte et subie.
Parallèlement à l’excellente qualité technique du DVD, cette édition , grâce aux deux versions commentées, deux interviews, un documentaire sur le tournage et un second (sobre à souhait) sur la zone de sécurité, nous permet de mieux comprendre la volonté du réalisateur et le contexte politique dans lequel s’est tourné le film. On apprend au passage que Chan-wook Park s’est inspiré parfois de faits et de témoignages réels.
A ne pas rater !

Éditeur : CTV

Pays : Divers

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