Java, 1945. Dans un pays en guerre, un jeune Moluquois, Izak, se croit investi d’une mission particulière : retrouver le piano de Madame Alma, dérobé dans sa maison. C’est ainsi qu’il quitte le kampong (quartier populaire) en quête de l’instrument. Le début d’un long périple à travers l’ile, traversé de rencontres diverses et variées.
Dans Izak, le lecteur parcours, avec le petit garçon et ses pensées, le cadre à la fois paradisiaque et anarchique qu’est alors l’île de Java.
Izak est un conte onirique et poétique : le visuel, le toucher, l’odorat… tout semble détaché de la réalité. Ses sens sont en éveil, celui d’un enfant capable de s’extraire du réel, donc de la violence. Ainsi, pour Izak, les êtres humains sont des tâches de lumière. Les morts sont profondément endormis et ils rendent nerveux les adultes car ces derniers ont peur qu’ils ne les emmènent en les endormant par un tour de magie. A l’approche des ennemis, on joue à cache-cache.
Izak est tout autant un conte sonore. Dès le début du roman, le ton est donné : « Il est convaincu que la musique se cache partout. » Madame Alma et son piano, la troupe de musiciens, le directeur de l’école de musique de Crocoville, Izak lui-même avec ses doigts de pianiste et les chansons d’Amboine qu’il fredonne. La musique est on ne peut plus omniprésente.
« Toutes les choses ont leur timbre, leur sonorité propre. A l’intérieur de chacune se trouve un son qui attend discrètement le moment d’être émis. Il suffit de bien écouter : tout ce qui est touché se fait entendre. Tout ce qu’on entend a été touché. » Des paroles vives deviennent des sons aigus, le nom d’un village n’est qu’une sonorité inconnu. Et la brise souffle à l’oreille de Saïd Printah l’identité de la personne qui approche.
Mais le parti pris de l’auteur de centrer son roman sur les rapports entre le garçon et le monde extérieur, si l’on ne connait pas l’histoire de l’Indonésie a minima, rend plutôt difficile la totale imprégnation de ce conte. On n’apprendra d’ailleurs pas grand chose sur cette époque et cette région, qui reste en toile de fond.
A noter par contre la bonne initiative d’avoir incorporé des mots en malais (traduits bien sûr) au fil du roman.
Éditeur : Actes Sud
Pays : Indonésie