Suite à un traumatisme durant la guerre, Kameda a perdu l’esprit. Du moins est-ce ainsi que les gens le voient, car Kameda est devenu aussi pur qu’un nourrisson, incapable de faire du mal et ne cherchant qu’à prodiguer le bien. Taxé d’idiot, méprisé, moqué, il n’y porte pourtant aucune attention. Il est ainsi et ne souhaite pas changer.
Les gens autour de lui se retrouvent transformés par sa gentillesse qui semble les brûler de l’intérieur, mais ces flammes ne s’avèrent pas forcément salvatrices et vont même jusqu’à dévorer les personnages les plus extrêmes, comme si l’existence d’une telle gentillesse les rendait fou, se sentant incapables de la mériter comme de s’en passer.
Quant à Kameda, son souhait d’être bon envers tout le monde et de ne laisser personne souffrir, s’avère finalement tragique car incapable de faire des choix, il en vient bien malgré lui à blesser tous les gens autour de lui et leur apporte plus de mal que de bien…
Adaptant la pièce de Dostoïevski, Akira Kurosawa a réalisé une de ces premières œuvres qui s’avère inégale. Entendons nous bien, L’idiot est un excellent film, mais peut-être parce qu’il s’agit de Kurosawa, on se montre plus critique. Le film souffre parfois d’une faiblesse dans le rythme et d’effets poussifs en ce qui concerne le personnage de Kameda, dont les apparitions sont souvent accompagnées d’une musique douceâtre visant à le béatifier mais qui finalement dessert la crédibilité du personnage qui est déjà si étrange et singulier qu’il se suffit à lui-même.
Néanmoins, même si ce n’est pas une des plus grandes œuvres de l’Empereur, on a plaisir à retrouver à la fois tous les acteurs qui l’ont suivi dans de nombreux films, Toshiro Mifune et Takashi Shimura en tête, ainsi que le profond humanisme de Kurosawa.
Acteurs : Setsuko Hara, Masayuki Mori, Toshirô Mifune
Éditeur :
Pays : Japon