Après ses études à Taïwan, Tchi est partie vivre aux Etats Unis poursuivant son « rêve américain »et sa quête du bonheur. De retour sur l’île pour l’enterrement de sa grand-mère, elle replonge dans son enfance. On la suit aux travers des grands événements qui ont marqué sa vie et par là même celle de Taïwan. La petite et la grande histoire d’entremêlent. Ce retour est aussi l’occasion de réfléchir à son avenir, à son couple mixte qui, comme son rêve américain, bat de l’aile. La mise en bière de sa grand-mère lui rappelle l’importance qu’elle a toujours eue pour elle malgré le peu de considération que la société moderniste accordait aux aborigènes autochtones de l’île, à leur dialecte aussi. Le mandarin était la langue de l’éducation et de l’école. Tchi, future maman désorientée, ne reconnaît pas beaucoup son quartier d’Happiness road qui s’est modernisé.
L’histoire de l’héroïne est, peu ou prou, celle de la réalisatrice. Par son graphisme très personnel tout en rondeurs et en couleurs, elle nous entraîne dans son passé au détour du pont qui marquait l’entrée de son quartier. Elle nous plonge aussi dans l’univers onirique de Tchi, enfant pleine d’imagination qui rêve du Prince charmant comme toutes les petites filles du monde entier. On retrouve Candy leur héroïne de l’époque (les années 80). Le fantastique permet aussi de transcrire les pouvoirs poétiques, philosophiques et magiques de sa grand-mère toujours présente et active auprès d’elle malgré sa mort. Par son exhubérance, il traduit aussi les soubresauts politiques de l’île. En effet, Tchi est née le jour de la mort de Tchang Kaï Chek, le fondateur de l’État. Son cousin a été arrêté et malmené parce qu’il lisait un certain livre rouge. Elle s’est installée aux Etats Unis après l’effondrement des tours jumelles et lorsqu’elle revient à Taïwan, il y a des élections. On suit ainsi le cheminement cahotique de Taïwan vers la démocratie. Cet entremêlement de la petite et de la grande histoire dans ce beau récit d’apprentissage est particulièrement bien venu et pertinent. Il donne toute son ampleur et son universalité à cette quête du bonheur.
A découvrir à partir de 12 ans !
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Happiness Road, de Hsin-Yin Sung, Taïwan, 1h51, en salles le 1er août.