S’étant libérée, Tamaki a pu appeler Takashi dont les hommes sont venus la récupérer elle, Aï qu’elle avait étourdie avec son taser ainsi que le Dr Hanabusa, assez amoché mais vivant. Tamaki ne le reconnait pas mais elle se met à ressentir quelque chose. Par contre, malgré sa blessure et la drogue, Ryû parvient à s’enfuir. Il est récupéré par une mystérieuse personne, après avoir tué un policier sur le chemin. Alors qu’Aï finit sur la table d’ « opérations » de Tamaki, Takashi consulte les documents retrouvés dans les bureaux de l’organisation rivale. Ces infos sont croustillantes mais potentiellement très dangereuses comme l’ont démontrées certaines affaires du passé et vu les personnalités impliquées. De son côté, le détective Atô progresse et finit par trouver un indice lui permettant de se rapprocher de Tamaki.
Si l’histoire était déjà assez sombre, elle franchit un palier dans ce 3ème tome. Nous ne savons plus qui sont les alliés et les ennemis, ou du moins la frontière entre les deux devient très flous. Entre l’attitude de Takashi envers Tamaki, l’identité du mystérieux professeur et l’implication de la police, tout devient difficile à démêler autour de la jeune fille ; elle-même est d’ailleurs troublée par l’apparition d’un « sentiment » naissant. Mais qui est-elle vraiment ? Que lui est-il arrivée à l’hôpital Kyokushûkai ? Asô cherche des indices qui pourraient nuire à son ex-collègue l’inspectrice Sakurada, tandis le Dr Hanabusa est toujours dans le flou. Plus nous en apprenons sur la réalité du trafic d’organes, plus le scénario devient sombre et glauque. Les rares personnages encore épargnés par la noirceur, comme Asô malgré ses techniques expéditives, ont du mal à surnager dans cette atmosphère étouffante. Et Tamaki, qui incarne malgré elle une certaine forme de pureté avec son défaut d’empathie, n’arrange rien avec sa vision assez simple de la vie. Ce manga n’est pas à mettre entre toutes les mains à cause de son ambiance, son propos et quelques passages un peu gore (s’il pouvait aussi éviter les plans culottes inutiles, cela serait bien). Mais s’il n’est pas très original, son intérêt augmente avec la complexification des relations entre les personnages et organisations évoquée dans ce 3ème tome. Assez réaliste dans ses détails et sa forme, bien construit et dessiné, également glauque et malsain, il nous immerge dans la noirceur d’une société qui ne semble pas avoir de limites à sa cruauté.
Fabrice Docher
GIFT ± (GIFT PLUS MINUS) volume 3 de Yuka NAGATE (2016)
Thriller / drame, Japon, Komikku éditions, juin 2017, 208 pages, livre broché 7.90 euros
