LES FLEURS DU MAL (AKU NO HANA) volume 4 de Shûzô ÔSHIMI

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Après avoir tenté d’avouer ses fautes en exprimant son désespoir dans un acte vandale, Takao accepte de partir avec Sawa de l’autre côté des montagnes entourant la ville. Mais Nanako, qui a compris ce que s’apprêtait à faire son petit ami, parvient à rattraper les deux fugitifs et à stopper leur échappée, le tout dans un nouveau déluge de sentiments… Un mois plus tard, la situation semble être revenue à la normale, à ceci près que nos trois adolescents ne s’adressent plus la parole. Fatalement, Takao et Nanako finissent par se séparer, et le jeune homme sombre dans sa tristesse. Mais il réalise alors la culpabilité qui le ronge par rapport à Sawa, et décide de lui présenter des excuses manuscrites…

Ce quatrième tome des Fleurs du Mal marque la première rupture dans le crescendo incessant qui s’imposait dans les trois précédents. Pour autant, les blessures sont encore palpables et chacun reste sur ses gardes pour ne pas envenimer la situation. C’est alors que le récit prend une nouvelle tournure : Takao devient ici le moteur de l’action et non la victime, dans le but de comprendre celle qui fut hier son bourreau. On en découvre ainsi un peu plus sur la vraie Sawa en découvrant sa famille, sa chambre, son intimité, au point de la faire enfin sortir de ses gonds. Ainsi, la situation s’inverse tout en se poursuivant dans un rapport presque masochiste pour notre anti-héros.

Pour prouver sa détermination, Takao s’abandonne à un nouveau scandale. Mais à la perversité s’ajoute ici une dimension beaucoup plus romantique. Auparavant, Takao subissait les machinations de Sawa contre son gré. Mais depuis qu’il a perçu le mal-être de sa camarade, il veut prouver qu’il est à la hauteur des espoirs qu’elle fondait en lui. Au-delà de cette affinité troublante, qui promet de nouveaux gestes sulfureux, on découvrira pour la première fois les fêlures dans la carapace de Sawa. A l’opposé, Nanako reste la grande absente du volume, au point que son indignation soit exprimée, par transitivité, via sa meilleure amie Ai. Il faudra attendre les dernières pages pour que la demoiselle sorte enfin de son mutisme virginal.

Ainsi, il est intéressant de noter que les deux protagonistes féminins, qui s’inscrivaient dans un schéma bipolaire très marqué, arpentent à présent deux trajectoires convergentes : le démon s’attendrit, l’ange rompt face à ses envies. Et au centre, Takao, pour l’heure en état de grâce dans son pacte avec le diable… mais pour combien de temps ?

Alain Broutta

LES FLEURS DU MAL (AKU NO HANA) volume 4 de Shûzô ÔSHIMI (2009)

Suspense / Romance, Ki-oon – Seinen, mai 2017, 192 pages, livre broché 6.60 euros

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