Le monde de l’an 2050 a bien changé depuis la découverte de la kéibélite, un minerai rare possédant des propriétés d’anti-gravité. Sa maitrise a grandement modifié la technologie courante, par exemple les armes et les véhicules, mais surtout la robotique, qui a fait des bons en avant énormes. A Tôkyô, Minami est une jeune policière pleine d’entrain, tête brulée mais aussi gaffeuse et indisciplinée. Elle fait équipe avec Alma, un prototype d’androïde très intelligent, qui est aussi stricte et professionnelle qu’elle est belle. Leur paire improbable, et au départ forcée, est finalement très efficace face à tous les crimes auxquels elles sont confrontées. Et les affaires liées à la technologie se multipliant étrangement, elles vont avoir besoin de tous leurs talents pour les résoudre.
Ce manga ne manque pas d’atout. D’abord son univers, mélange de plusieurs influences, est cohérent et assez détaillé. On se sent aussi vraiment dans une mégalopole, grande aussi bien verticalement qu’en superficie, avec des quartiers bien distincts. Ensuite, les personnages sont bien croqués et s’ils ne sont pas originaux, ils restent jusqu’au bout fidèles à ce qu’ils sont. La paire Minami-Alma fonctionne ainsi bien, malgré ou plutôt à cause de leurs différences. D’autres aussi ne sont pas en reste, y compris certains androïdes, que les fameuses 3 lois de la robotique (venant de la sage Les Robots d’Isaac Asimov) rendent paradoxalement très « humain ». S’ajoute à cela un dessin fort agréable, qui ne laisse pas vraiment de doutes sur les capacités de ce jeune mangaka, qui a appris auprès des plus grands (notamment Masakazu Katsura). Il a en prime l’intelligence de ne pas abuser du fan-service, malgré les formes avantageuses de nombreuses protagonistes, nos 2 héroïnes en tête. De son côté le scénario est vite prenant, l’action ne manquant pas mais sans oublier quelques points de réflexion et des prises de position pertinentes. Malheureusement c’est aussi le point faible de ce manga car si l’histoire est dense, la conclusion est un peu trop rapide et laisse quelques interrogations en suspens. On reste un peu sur notre faim et c’est un peu dommage. Heureusement une pseudo suite est en cours d’édition au Japon. En bref c’est un titre avec de sérieux atout mais trop court. Il reste cependant un bon divertissement, bien calibré et de qualité, et là est l’essentiel.
Fabrice Docher
EX-VITA volumes 1 et 2 de Shin-ya Komi (2011)
Action / comédie, Japon, Editions Tonkam Young Manga, mai 2015, 218 et 224 pages, livres brochés 9.35 euros chacun