D’un soleil à l’autre, Jean Denis Attiret missionnaire jésuite peintre de l’Empereur de Chine

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Depuis 1692, date de la promulgation de l’Édit de tolérance par l’Empereur Kangxi, seuls les Jésuites ont droit de cité à Pékin. C’est notamment le cas d’une importante mission française qui fut réclamée par l’Empereur lui-même. En effet, fascinée par l’horlogerie et les arts, il s’entoure de conseillers de cette mission. En 1739, le peintre jésuite Jean Denis Attiret rejoint ainsi les ateliers impériaux administrés par le peintre italien Giuseppe Castiglione, lui-même jésuite.

L’historienne d’art Violette Fris-Larrouy décrit le parcours biographique et artistique du peintre de Dole à la Cité Interdite, en passant par l’Académie de France à Rome. Il se forme en fréquentant les œuvres de Raphaël. Le tout, grâce au marquis de Broissia, son mécène. De retour à Dole, attiré par la religion, il devient Jésuite. Et d’Avignon, où il peint les 4 évangélistes, il est envoyé comme peintre auprès du nouvel Empereur Qianlong. C’est le petit fils de Kangxi. De 1739 à 1768, date de sa mort, Attiret perd ses illusions. Lui qui comptait imposer la peinture occidentale en Chine, doit se plier aux exigences impériales. Elles l’obligent à abandonner la peinture à l’huile, trop brillante au goût artistique des Chinois, pour la peinture à l’eau sur soie et papier. De même, la mission qui se targuait d’imposer le christianisme à l’Empereur se voit expulsée à Canton !

À travers la vie de ce peintre digne des plus grands, Violette Fris-Larrouy nous restitue tout le contexte politique, social, religieux et artistique du rapport entre l’Occident et l’Orient. C’est une somme phénoménale d’informations et de découvertes que l’auteure a tirées des lettres du peintre. Il a, en effet, entretenu une importante correspondance avec l’Occident. Il reste malheureusement très peu d’œuvres visibles d’Attiret. Le fameux portrait de la concubine dont s’est inspiré Charles de Meaux pour son film « le portrait interdit » (lire notre chronique) se trouve dans sa ville natale. Quelques autres portraits sont à Berlin. Au vu de leur qualité, on peut regretter que l’essentiel de ses œuvres a disparu.

Une très belle découverte tant de ce peintre que de cet essai brillant et complet !

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

D’un soleil à l’autre, Jean Denis Attiret missionnaire jésuite peintre de l’Empereur de Chine, de Violette Fris-Larrouy, Collection Une vie, une époque, 206 p., éditions de la Bisquine, novembre 2017, 18€.

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