Avec cette histoire de tueur plus proche de l’animal que de l’humain, traqué par un policier tout aussi dangereux, le cinéma hongkongais s’aventure sur les terres de son homologue sud-coréen. Le film mêle en effet action et réflexion sur la société, et confronte le spectateur à une violence physique et sociale qui le percute de plein fouet. Tout est dit dans le titre : les deux personnages principaux sont de vrais chiens enragés, et question violence, le policier n’a rien à envier au tueur. Chacun a ses raisons pour nourrir une telle rage (celles du tueur le rendant plus “sympathique” que son poursuivant), et via les épreuves et les trajectoires des personnages, le film se clôt sur une morale résolument pessimiste et nihiliste, que l’on pourrait résumer, pour reprendre les termes du titre, par : “la vie est une chienne”, que ce soit au niveau de la société ou de l’individu.
Le film en fait d’ailleurs un peu trop dans l’accumulation de coups durs censés éclairer le propos. Mais c’est, avec une cassure dans la narration au début du dernier acte, le seul reproche que l’on puisse lui faire. Car au propos engagé et déstabilisant s’ajoute une brillante réalisation, discrète mais techniquement impressionnante, qui suit les personnages au plus près, et souvent en gros plan. Le résultat est sombre, tendu, sans fioritures : le spectateur est au cœur de l’action et partage ainsi la hargne des protagonistes. Le jeu du chat et de la souris entre le tueur qui cherche à regagner son pays, le flic qui le poursuit, et la police des polices qui cherche à épingler ce dernier, est également l’occasion de magnifiques scènes urbaines, qui ne sont pas sans rappeler “PTU” de Johnnie To. Avec “Dog bite dog”, Soi Cheang se révèle au grand public comme un réalisateur à suivre et un auteur au propos captivant, souvent empreint de la noirceur, du pessimisme, et de la violence sociale que l’on retrouve ici.
Éditeur : CTV
Pays : Chine