Le distributeur de films de patrimoine Carlotta Films est particulièrement mis à l’honneur cet été. Il a une actualité fournie, tant au cinéma qu’en sorties Blu-ray et DVD. C’ est un partenaire de poids dans la distribution des films restaurés du patrimoine mondial.
Il a tout naturellement brillé lors du festival de Cannes dans la section Cannes Classics en juillet dernier. D’abord avec la mise en lumière de la réalisatrice et actrice Kinuyo Tanaka avec son film La lune s’est levée de 1955. Nous en reparlerons lors du festival Lumière qui présentera une rétrospective de cette grande dame du cinéma nippon devant puis derrière la caméra (1).
Il présentait aussi l’envoûtant étang du Démon, film fantastique de 1979, de Masahiro Shinoda.
Ces films, tous restaurés numériquement en haute définition, permettent de revisiter l’histoire du cinéma. Ils sortiront en salles prochainement. Comme La vengeance d’un acteur sur les écrans depuis le 30 juin dernier. Ce film de Kon Ichikiwa, de 1963, vaut par ses effets visuels, fruits d’une constante expérimentation. La frontière entre réel et irréel saute, normal pour un acteur de Kabuki…
Cannes Classics fut aussi l’occasion de la 1ère mondiale du documentaire de Pascal-Alex Vincent : Satoshi Kon, l’illusionniste. Une excellente introduction à l’oeuvre fulgurante et protéiforme tant dans le manga que dans l’animation japonaise de ce météore qui disparut en 2010 à l’âge de 46 ans.
De même, une grande sortie cinéma pour la spectaculaire trilogie Musashi de Hiroshi Inagaki le 4 août. Il s’agit d’une des nombreuses versions de la vie du célèbre et légendaire samouraï Miyamoto Musashi qui vécut au tout début du XVIIè siècle. Il s’inspire de l’œuvre feuilletonesque écrite dans les années 30 par Eiji Yoshikawa et traduite en français en 2 volumes : La Pierre et le Sabre et La parfaite Lumière.
Ce fut alors un très grand succès populaire et international dès sa sortie en 1954 pour le 1er opus : La légende de Musashi. Il obtint même un Oscar à Hollywood en 1956. Toshiro Mifune incarne magistralement Musashi. Il le fait passer de la force brute à la maîtrise du Bushido (la voie du guerrier ). Elle le mène ainsi sur la Voie de la lumière, titre du 3ème volet. Des vedettes incarnent même les seconds rôles. En effet, la Toho ne recule devant rien pour satisfaire son public. Elle parie même sur la couleur ” argument publicitaire de taille » (2) à l’époque puisque ce sont ses débuts.
Côté Blu-ray et DVD inédit en France, Cure est sorti le 28 juillet. C’est le long métrage qui a fait connaître Kiyoshi Kurosawa, en 1997. Dans la lignée de la J. Horror, il met en scène un serial killer mâtiné de fantôme moderne. Cependant l’horreur des scènes de crimes est filmée en plans larges fixes, sans mise en scène, sur des musiques décalées. Le tout excluant le pathos, la dramatisation. Une belle réflexion sur le caractère insaissible du mal et sa « mécanique fatale » selon l’expression du cinéaste. On peut découvrir aussi une excellente analyse de l’oeuvre dans Le jouet du démon par Stéphane du Mesnildot, spécialiste du cinéma asiatique, dans les suppléments.
D’autres sorties suivront, on en reparlera à la fin du mois d’aût…
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
(1) Festival Lumière 2021 du 9 au 17 octobre 2021 à Lyon.
(2) citation tirée du livret Musashi « la voie du samouraï au cinéma » à propos de la trilogie de Hiroshi Inagaki par Denis Grizet et Pascal-Alex Vincent.
La trilogie Musashi (La Légende de Musashi – Duel à Ichijoji – La Voie de la lumière) est en ce moment sur les écrans du cinéma Lumière Bellecour à Lyon.