Cinema (en léger différé de Deauville)

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Des plages de Normandie, des casinos de Deauville-Trouville, je ne retiendrai rien. Elles sont forcément superbes pour les premières, et splendides pour les seconds, ou vice-versa, tout au moins si je m’en réfère aux guides touristiques.

Mais je n’étais pas là pour le tourisme.

Les 17, 18, et 19 mars dernier se déroulait à Deauville, le Festival du Film Asiatique, deuxième du nom.

La sélection présentée était d’un très haut niveau, tout comme le champagne d’ailleurs. Les stars (entendez : “Les étoiles”) et les toiles d’Asie étaient sans conteste au rendez-vous deauvillois. Côté stars : Shabana Azmi en personne présentait son dernier film “Godmother”, la grande dame du cinéma indien et la militante du droit des femmes nous apparut en sari et le crâne rasé (actuellement en attente de tournage du très controversé “Water” de la très controversée Deepa Mehta). Shu Qi (prononcez Chou Chi et pas Sushi comme je l’ai entendu dans les allées du festival) quant à elle, brillait de tous ses feux, accentués il est vrai par ceux des photographes et des télévisions. Shu Qi est annoncée, pas moins, comme la nouvelle Gong Li. On peut rester sceptique au vu de sa prestation dans le très ennuyeux “City of Glass”. Par contre, à Lyon, nous ferons le nécessaire afin de vous présenter, lors du prochain festival “Etoiles & Toiles d’Asie : “Sex & Zen II” où, parait-il, elle excelle.

Une délégation coréenne (journalistes y compris) s’était déplacée en nombre grâce à l’excellente initiative de Alain Patel, chirurgien de son état, fin connaisseur du continent asiatique, et à ses heures, directeur-fondateur du festival de Deauville. Cette rencontre entre Extrême-Orient et Occident-Extrême fit l’effet d’une rencontre au sommet lors de la cérémonie de jumelage inter-festival entre Deauville et Pusan (en Corée). Pour information, le festival de Pusan est le plus important d’Asie avec plus de 200 000 spectateurs en 10 jours, et une salle de 6 000 places. De quoi faire rêver !

Des 10 films vus en trois jours, je conserverai le souvenir de deux pures merveilles d’intelligence et des moments de grâce inouïe : “Les Yeux Noirs” film chinois dont l’actrice principale remporta le prix de la Meilleure Comédienne et “69” du jeune et talentueux réalisateur thaïlandais Pen-ek Ratanaruang. Deux cinéastes à surveiller de près, en espérant qu’un distributeur français daigne les présenter au public français. Ce qui est déjà le cas du surprenant “Nowhere to Hide” du coréen Lee Myung-Se, une parodie stylisée du polar asiatique, et principalement hongkongais qui sortira, pour notre plus grand bonheur (et visiblement celui des membres du jury qui l’ont récompensé 4 fois sur 6 : Grand Prix du Jury, Prix du meilleur comédien, Prix du meilleur réalisateur, Prix de la meilleure image) dans les mois à venir sur nos écrans. Passons rapidement sur “The Mistress” et “City of Glass”, deux films hongkongais, symptomatiques de la production actuelle, qui remportèrent la Palme de l’ennui (et le Prix Première du Public pour le premier). Attardons-nous plutôt sur “Cop Abula” du taïwanais Khan Lee, le frère de Ang Lee, qui avec son histoire de flics sut passionner les véritables amateurs de cinéma hongkongais. D’une facture, beaucoup moins classique “Hakuchi” du japonais Macoto Tezka, fils du célèbre auteur de manga Osamu Tezuka, nous livre une fable futuriste très ambitieuse mais réussie. A signaler aussi le film “Jinnah”, vision pakistanaise avec ses défauts et ses qualités, de l’indépendance de l’Inde.

Bref, nous vécurent un grand moment de cinéma. Longue vie à Deauville, ses plages, ses casinos et ses festivals. L’année prochaine, c’est juré, j’y vais en touriste.

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Pays : Divers

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