Carmen revient au pays , les vingt-quatre prunelles, la riviere fuefuki , amour eternel, les enfants du nagasaki de Keisuke Kinoshita

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Après la réédition de “La Ballade de Narayama” (1958) en septembre dernier, MK2 Vidéo nous propose ce mois-ci de découvrir cinq autres films majeurs du réalisateur japonais Keisuke Kinoshita (1912-1998). Pilier des studios de la Shôchiku, grand maître du cinéma japonais, Kinoshita est toujours resté dans l’ombre de son contemporain Akira Kurosawa à l’étranger tandis qu’il remportait des succès populaires beaucoup plus grands que celui-ci dans son pays. Cinéaste des petites gens, humaniste, Kinoshita a officié dans la plupart des genres cinématographiques mais excellait particulièrement dans les drames sentimentaux et familiaux qui ont fait le succès de la Shôchiku dans les années 50. Bien que ses films aient souvent une toile de fond historique (guerres, mutations de la société japonaise), Kinoshita est plus intéressé par les drames qui se jouent à l’arrière, souvent dans des villages isolés, fortement attachés à la nature, et qui subissent de plein fouet les soubresauts de leur époque. Cette réédition en DVD des films de Kinoshita est aussi une occasion rêvée d’admirer la beauté et les performances de l’époustouflante Hideko Takamine, star du cinéma japonais, qui semble capable d’endosser n’importe quel rôle avec un naturel déconcertant.
Passons rapidement sur “Carmen revient au pays” (1951), comédie de moeurs racontant le retour d’une stripteaseuse de la capitale dans son village natal où elle va semer la pagaille pendant quelques jours. Premier film japonais en couleur, à la mise en scène un peu pompeuse, sur le ton des comédies américaines de la même époque, le film a surtout le mérite de montrer une facette peu connue du cinéma japonais. Heureusement, “Les vingt-quatre prunelles” (1954) change complètement la donne : chef-d’oeuvre de Kinoshita, mélodrame retraçant la vie d’une jeune institutrice sur une île de la mer intérieure, dans un Japon sombrant petit à petit dans le nationalisme et la guerre, le film porte en lui un message profondément humaniste et pacifiste. “La rivière Fuefuki” (1960), jidaigeki paysan imprégné de philosophie bouddhiste nous plonge quant à lui dans le Japon féodal en guerre en mettant en scène une famille de villageois à travers quatre générations. On poursuit avec “Amour éternel” (1961), deuxième point d’orgue de cette collection, mélodrame au rythme endiablé sur fond de musique flamenco, à la mise en scène rapide et toujours en mouvement, servi par une Hideko Takamine magnifique, sublime en femme déshonorée et vengeresse : violée et mariée de force au fils du grand propriétaire terrien du village, elle se voit séparée de celui qu’elle aimait et obligée de fonder une famille qu’elle n’a pas souhaitée. Pour finir, “Les enfants du Nagasaki” (1983), l’un des trois derniers films du réalisateur, est un plaidoyer bouleversant contre la bombe atomique, un film sur la mémoire et la transmission, comme le titre japonais “ces enfants que je laisse” (sous-entendu “qui me survivront”) le suggère. Choisissant de suivre le destin tragique d’une famille chrétienne, Kinoshita souligne l’absurdité de la guerre en rapprochant victimes et bourreaux. Les cinq DVD sont agrémentés de passionnants commentaires de Charles Tesson (ancien rédacteur en chef des Cahiers du cinéma), aussi bien sur le fond que sur la forme, et d’interviews de Kinoshita au travers desquels se dessine un portrait touchant du réalisateur.

1951, 83 minutes CARMEN REVIENT AU PAYS
1954, 150 minutes LES VINGT-QUATRE PRUNELLES
1960, 113 minutes LA RIVIERE FUEFUKI
1961, 102 minutes AMOUR ETERNEL
1983, 122 minutes LES ENFANTS DU NAGASAKI

Éditeur : MK2

Pays : Japon

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