Sa mission, ou plutôt ses missions terminées chez les Fariel, Arte se prépare à rentrer à Florence. Après avoir repoussé l’offre de Youri, elle a hâte de retrouver sa ville même si elle doit pour cela abandonner Caterina. Cependant elle demande à la jeune fille de devenir son amie (ce qu’elle accepte) et lui promet de lui écrire plein de lettres. De retour à l’atelier de son maitre, avant la lettre annonçant son arrivée, elle reprend ses activités normales, même si sa réputation de portraitiste des Fariel lui offre de nouveaux débouchés. Cependant sa condition de femmes semble lui bloquer encore certaines opportunités. Mais jusqu’où souhaite-elle vraiment aller ? Que désire-t-elle accomplir ? Et pour cela devra-t-elle quitter l’atelier de Léo, qui n’est pas assez grand pour servir de tremplin ?
Si en revenant à Florence, Arte redevient l’apprentie de Léo, tout n’est plus comme avant. Forte de son expérience à Venise et de la publicité que cela lui a faite, elle a beaucoup de travail alors qu’elle n’est toujours pas établie en tant qu’artiste. Cependant, pour la clientèle qu’elle vise, elle va devoir travailler encore plus, et ce y compris par rapport à sa culture personnel, pour être au niveau de ses investisseurs potentiels. Mais contrairement à sa volonté de toujours progresser, elle doute aujourd’hui à cause de ce que pourrait impliquer ces nouveaux contacts. Léo aussi ne sait pas trop quoi faire, lui qui ne voit dans son métier, malgré son talent, qu’un moyen de vivre. Cette période de « transition » fait que ce tome est un peu moins flamboyant que les autres. Arte est égale à elle-même et sa sensibilité, sa franchise ainsi que son statut de femme lui permette d’en faire plus ce que lui commande de ses clients. Comme le montre l’épisode avec Concetta, elle voit plus qu’eux, signalant d’autres détails ou mettant en valeur ce qu’ils voyaient comme des défauts. Son talent est indéniable, lui valant félicitations et sincères remerciements. Cependant elle est très indécise sur son avenir. Elle a des possibilités, peut obtenir des opportunités, mais tout ceci nécessite des changements dans sa vie, ce qu’elle ne souhaite pas forcément. Pour la 1ère fois nous la voyons vraiment indécise, bloquée par ses décisions et non pas par son talent ou son statut de femme. Va-t-elle finir par avancer ? Dans ce monde où beaucoup de personnages évoluent de leur côté (comme Dacia qui apprend les mathématiques après l’écriture), elle va devoir faire un choix. Toujours aussi bien réalisé, ce manga nous offre un volume très introspectif. S’il est encore riche en information sur l’époque, et comme d’habitude sur le statut des femmes, l’atmosphère est un peu plus lourde, malgré quelques pointes d’humour. Comment la situation va-t-elle évoluer ? La femme entraperçue à la toute dernière page sera-t-elle le déclencheur ? Nous le découvrirons au prochain tome.
Fabrice DOCHER
ARTE volume 8 de Kei OHKUBO (2013)
Tranches de vie/histoire/art, Japon, Komikku éditions, septembre 2018, 194 pages, livre broché 7.90 euros