Cherchant des informations sur sa cliente après avoir découvert sa véritable identité, Arte va chez Veronica pour profiter de son immense bibliothèque. Elle lui demande également qu’elle serait la meilleure méthode pour que Dame Irène lui ouvre son cœur. La courtisane lui conseille alors avant tout de lui ouvrir le sien. Arte décide alors de changer d’approche et de parler de Léo à sa cliente : leur rencontre, les différentes phases de son apprentissage, ce qu’elle ressent pour lui… Dame Irène lui demande alors pourquoi elle ne lui avoue pas ses sentiments. Comme le lui a conseillé Veronica, Arte ne veut pas succomber à l’amour, pour que celui-ci ne devienne pas un obstacle à son travail. Elle cite le cas de cette ancienne courtisane trompée par un homme et vivant aujourd’hui dans la misère. Mais Dame Irène lui rétorque alors qu’on ne sait pas si elle regrette d’avoir été malheureuse. Elle décide alors d’aller le lui demander directement.
Ce nouveau tome d’Arte a une saveur particulière car le travail d’artiste est totalement en retrait. La jeune femme en parle bien au début de volume, alors qu’elle tente une autre approche avec sa cliente. Elle va également raconter à cette dernière sa vie d’apprentie auprès de Léo et… c’est tout ! Non, les points centraux de ce 13ème tome sont l’amour et les sentiments. Ceux d’Arte envers Léo ou ses parents (ces séquences nous font découvrir une petite Arte toute mimi !), ceux de l’ancienne courtisane Nanna envers l’homme qui l’a trahie. Elles font chacune tout pour les cacher aujourd’hui, soit pour ne pas gâcher leur relation, soit pour oublier leur passé. Elles les voient comme des obstacles mais Dame Irène arrive pour tout bouleverser.
Venant de la haute noblesse, elle ne connait pas grand-chose de la vie courante du peuple. D’autant plus que, nous l’apprendrons plus tard, elle est restée enfermée longtemps. Nous la verrons ainsi s’extasier sur un écureuil ou s’amuser à faire des ricochets avec les enfants du voisinage. Elle sera aussi ravie de pouvoir parler toute la nuit avec Arte, tout en se cachant de ses servantes. Elle est également friande d’histoires d’amour, ce qui poussera Arte à parler de ses sentiments. Pour elle, l’amour est une force ; c’est pourquoi elle voudra rencontrer Nanna pour vérifier si elle est bien malheureuse à cause de con amour. Dame Irène est enthousiaste, un peu insouciante mais elle révèlera une force de caractère incroyable. Nous en apprenons donc plus sur elle, même s’il est encore difficile de la cerner pleinement. Le prochain tome devrait d’ailleurs nous apporter son lot de révélations à son sujet.
Dans ce tome, l’auteur se focalise donc sur les 2 jeunes femmes : sur leur caractère, différents mais entiers chacun à leur manière, mais également en filigrane sur leur condition de femme. Le comportement ambigu de Dame Irène provient de son statut mais aussi de ce qu’elle a vécu avec sa mère. Ce qu’a vécu Arte dans son passé est lié aux pressions sociales qu’elle a subies : sa mère qu’il souhaitait en faire une bonne épouse et les maitres qui ne voulaient pas d’elle car elle était une femme. N’oublions pas aussi la manière dont l’ex courtisane Nanna est traitée par sa maquerelle. Et pourtant chacune aspire toujours au bonheur et elles font tout ce qui est en leur pouvoir pour y arriver. Même si c’est dur, il suffit parfois d’un rien pour nous redonner espoir. Avant tout, il faut croire en soi, comprendre ce que nous sommes et écouter ses sentiments. En bref, ce beau manga, dont la qualité n’est plus à démontrer, nous transmet un message positif et profondément humain. C’est un titre à suivre, tout simplement.
Fabrice DOCHER
ARTE volume 11 de Kei OHKUBO (2013)
Tranches de vie/histoire/art, Japon, Komikku éditions, novembre 2020, 176 pages, livre broché 7.99 euros