Anguille [L’] (unagi) de Shohei Imamura

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Yamashita assassine violemment sa femme d’une pluie de coups de couteau, pour l’avoir découverte dans les bras d’un autre, avant d’aller se rendre docilement à la police. Après huit années, Yamashita sort de prison accompagné d’une anguille qu’il a apprivoisée, et ouvre un salon de coiffure…

Imamura passé maître dans l’art des films poétiques et atypiques sur fond de drame humain, nous livre à nouveau une œuvre d’une poignante simplicité. Pas un seul instant n’est jugé l’acte sauvage de Yamashita, privilégiant les difficultés du pardon de soi comme celui des autres, à l’image de Yamashita ne parvenant ni à se pardonner d’avoir tué sa femme ni à la pardonner de l’avoir trahi. A travers son apparente apathie et sa relation amicale avec l’anguille s’exprime la perte de confiance dans l’autre, uniquement rassuré par sa compagne aquatique qu’il peut surveiller et contrôler à loisir à travers son aquarium. De là à l’image de la tour de verre il n’y a qu’un pas. Car avant tout c’est de la complexité des rapports humains qu’il s’agit dans ce film. Comme à son habitude, Imamura fait graviter autour des personnages principaux de nombreux rôles secondaires tous hauts en couleur, transférant humanité et chaleur à ce film plein de vie.
Et c’est peu à peu que l’on assiste à la lente réouverture de Yamashita sur le monde extérieur, notamment grâce à la femme qu’il a recueillie comme assistante dans son salon de coiffure, et de son détachement vis-à-vis du passé pour se tourner vers un avenir incertain mais néanmoins vivant.

Acteurs : Mitsuko Baisho, Koji Yakusho, Misa Shimizu

Éditeur :

Pays : Japon

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