Pour sa nouvelle exofiction, Liu Cixin ne se projette pas dans un avenir plus ou moins proche, comme à son habitude (1), mais se plonge, au contraire, dans une période très lointaine en arrière : le Crétacé. « C’est en ce temps-là que vivaient sur Terre d’énormes créatures appelées dinosaures . » Et de rappeler leur gigantisme.
À partir de cet apport scientifique, Liu Cixin brode une civilisation qui ressemble beaucoup à celle des humains. En effet, ils deviennent intelligents. Ils se regroupent en tribus primitives, utilisent le feu, écrivent sur les parois des cavernes…
Dans le même temps, « un autre groupe de créatures fit aussi germer l’intelligence : celui des fourmis ». Il est beaucoup plus évolué dans ses constructions et dans son langage. Mais « chaque groupe présentait des insuffisances chroniques et des obstacles insurmontables sur le chemin de la civilisation. »
La rencontre de l’infiniment gros avec l’infiniment petit va bien-sûr porter ses fruits et amener des progrès immenses dans les 2 « sociétés » et surtout chez les dinosaures. Jusqu’à l’informatique, la fusion et même l’antimatière ! Ainsi auraient-ils pu vivre ensemble dans le meilleur des mondes.
Mais c’était sans compter la volonté de puissance et l’hubris des dinosaures qui cherchent même à conquérir d’autres planètes sans se rendre compte qu’ils détruisent peu à peu la Terre. Les fourmis parviendront-elles à stopper cet effondrement ?
Les parallèles sont donc évidents avec notre époque et nos propres enjeux écologiques. Un peu trop parfois ; si bien qu’ils ne correspondent plus du tout aux dinosaures qu’on voit mal utiliser des téléphones portables ou des ordinateurs ! Alors, si l’échelle des espèces mises en scène est très visuelle et fonctionne bien, certains rapprochements pas du tout.
La leçon de cette fable résonne comme une alerte, un avertissement. Il faut s’entraider et non se faire la guerre. On ne peut que tout perdre à s’entre-déchirer. Et la menace nucléaire doit absolument rester dissuasive sinon c’est la planète qui court à sa perte. L’allégorie politique des dinosaures et des fourmis est très claire !
Le roman existe aussi en livre lu et est d’une écoute très agréable.
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
(1) Lire notre chronique de Terre errante https://asiexpo.fr/terre-errante-de-liu-cixin-parait-chez-actes-sud-exofictions/ ou nos chroniques sur des adaptations de plusieurs de ses livres en BD :https://asiexpo.fr/les-futurs-de-liu-cixin-adaptes-en-bande-dessinee-aux-editions-delcourt/ ; https://asiexpo.fr/l-ere-des-anges-de-sylvain-runberg-et-ma-yi-parait-aux-editions-delcourt/ et https://asiexpo.fr/lattraction-de-la-foudre-de-thierry-robin-parait-aux-editions-delcourt/
Des dinosaures et des fourmis, Liu Cixin, traduit du chinois par Gwennaël Gaffric, format 14,5X24cm, 192 pages, 21€, éd. Actes Sud, coll. « Exofictions », paru le 8 janvier 2025 en librairie.