Vers la lumière de Naomi Kawase sort en salles.

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Misako, une jeune audio-descriptrice (elle décrit les images des films pour les mal voyants) et Masaya un photographe en pleine force de l’âge qui perd progressivement la vue se heurtent dès leur première rencontre. En effet lors d’une projection, il critique vertement le travail de la jeune femme qui ne s’en laisse pas conter mais qui est momentanément mise à pied. Ce choc va finalement les rapprocher peu à peu. Ils vont s’apporter mutuellement ce qu’il manque à chacun. Misako comble les lacunes visuelles de Masaya en lui racontant les scènes, même de la réalité, qu’il ne peut plus capter visuellement. Et Masaya, à travers ses photos, permet à Misako de retrouver des souvenirs oubliés, elle qui a perdu son père et dont la mère est en train de perdre la raison à cause de cette perte.

Naomi Kawase a le don de construire ses récits sur des personnages atypiques, marginaux, comme dans « les délices de Tokyo », son film précédent (lire ma chronique dessus). Sans celui-ci, le début reprend une scène de film racontée en audiodescription par la jeune femme et le spectateur se demande bien dans quel monde il entre ! Mais c’est aussi un début classique de comédie sentimentale où les deux futurs amoureux se heurtent avant de s’aimer. Cependant ici, c’est surtout la complémentarité que chacun va trouver en l’autre pour accepter sa situation de handicap ou de manque qui est le plus important. Masaya finit par jeter son appareil photo dans la nature, signe qu’il accepte sa condition d’aveugle. Misako surmonte la douleur de son deuil en retrouvant ses souvenirs avec son père. C’est même ce cheminement de l’un vers l’autre qui importe.

Ces deux personnages ont une perception, un ressenti des images tout à fait différents l’un de l’autre et de la cinéaste elle-même. C’est ce qui l’a intéressée de traiter. En effet, si l’on retrouve ses thèmes de prédilection : la peur de l’oubli, de la perte, les liens avec la nature, ils sont ici traités au travers de ces deux personnages et prennent ainsi une dimension nouvelle. Le visible et l’invisible s’entremêlent pour mieux les réunir. Et Naomi Kawase de nous insuffler cette sagesse toute nipponne de l’acceptation et finalement du lâcher prise qui font du moindre rayon de lumière une illumination !

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

 

Vers la lumière, Naomi Kawase, 1h43, Japon, Haut et court, 10 janvier2018.

 

 

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