Voici le 2ème opus du roman graphique centré sur trois sœurs. Il y a dix ans, en été, leur mère est morte. Puis leur père les a abandonnées à leur sort pour vivre ses envies. Les jeunes filles ont pris leur indépendance et vivent leur vie en cohabitant.
Dix ans et des poussières plus tard donc, Sumi, 28 ans, Tora, 22 ans et Fuji, 18 ans poursuivent le quotidien de trois orphelines assumées. D’ailleurs, lorsque leur père réapparaît furtivement, il n’est pas le bienvenu, naturellement. L’aînée est devenue « rédactrice free lance spécialisée en musicologie ». On la découvre en reportage en Hokkaïdo rapporté du point de vue de ses sœurs qui « se goinfrent » elles aussi ! Elle se laisse tenter par le remplacement presque impromptu d’un pianiste défaillant pour un concert. Réussite garantie malgré la peur de ne pas retrouver ses sommets. Car la musique, c’est sa vie ! Elle s’y réfugie quand ses nerfs sont à bout. Quand elle veut s’évader alors qu’elle est débordée de travail, elle se met la 9ème symphonie de Dvorak !
La cadette est une caricature de la « femme active ». Elle soupçonne une embrouille lorsque son boss lui donne un jour de repos ! Mais elle est capable de feindre un rhume pour profiter d’une journée et s’offrir les meilleurs dorayakis de la ville. Elle aime surtout s’inventer d’autres vies que la sienne lorsqu’elle ne travaille pas !
Quant à la benjamine, elle s’affirme dans sa passion pour le Bouddha en suivant la voie du milieu et en portant un blouson à l’effigie du Phénix Byodo-In. Elle se sent « veinarde » et voit le bon côté des choses. Belle évolution pour cette indécise de la 1ère heure (1er tome).
Ce 2ème opus est organisé, comme le 1er, en 24 chapitres. Mais, cette fois-ci, ce ne sont plus les heures d’une journée, mais les mois d’une année qui s’égrennent. Avec toujours des moments suspendus quand l’âme de leur mère vient les visiter, voire totalement déjantés lors d’un intermède lunaire ou quand Sumi imagine que des Akabeko géants (figurines en forme de vaches) tombent sur le Japon ! La poésie s’immisce aussi. Ainsi, derrière le quotidien pointe l’émotion avec le caractère bien dessiné de chacune des sœurs Ohara, à l’image de ce qui les rend heureuse…
Le style reste précis, rapide et dynamique, à l’image de ces trois héroïnes qui peu à peu, prennent leur place dans notre époque. Il est dépouillé, stylisé et va à l’essentiel. La couleur en aplats, non naturaliste, apporte du relief et casse la monotonie du noir et blanc.
Le 3ème tome sortira dans un an tout pile !
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
(1) Lire notre chronique du tome 1 : https://asiexpo.fr/valse-a-trois-soeurs-de-melome-machida-parait-aux-editions-casterman/
Valse à trois sœurs de Melome Machida, 15 X 21 cm, 240 pages, broché, 15 €, éd. Casterman. En librairie le 30 08 2023.