Dans la province chinoise de Yanbian, Gu-nam, un chauffeur de taxi employé par la pègre, doit rembourser l’importante dette contractée qui a permis à son épouse d’obtenir un visa pour partir en Corée du Sud. Errant entre son travail, la boisson et le mah-jong, un parrain de la mafia locale lui propose alors de combler sa dette tout en essayant de rechercher sa femme dont il n’a plus de nouvelles, en échange d’une tâche : exécuter un homme et ramener son pouce comme preuve du forfait accompli!
Le personnage principal, Gu-nam, est un “joseon-jok”, fils d’émigrant de Corée du nord venu vivre dans la province autonome libre de Yanbian, détenue par la Chine, et enclavée entre la Corée du nord et la Russie. Dans le film, cette ethnie est mal perçue par le reste de la population, et fait preuve de discrimination.
En prologue, Gu-nam nous conte l’histoire lorsqu’il était enfant de son chien ayant contractée la rage. Cette maladie disparue est pourtant revenue aujourd’hui sous une autre forme. On comprend alors rapidement qu’elle n’est plus une maladie, mais un état; les personnages sont tendus, le film est nerveux, les scènes de combat mettent en scène plusieurs protagonistes en même temps, et se déroulent la plupart du temps à mains nues, ou armés de couteaux ou de hachettes. Ces scènes sont à la fois confuses, intenses et âpres. Les armes à feu sont utilisées seulement par les policiers, aussi habiles dans cet exercice qu’un enfant de 5 ans à qui l’on aurait confié un perforateur. A la manière d’une pièce de théâtre entrecoupée d’entractes qui permettent le changement de décor, le film est découpée en plusieurs parties, servant à mettre en avant acte après acte le changement d’état d’esprit du personnage principal.
Le scénario va finalement s’orienter autour de 3 personnages, représentant chacun leur groupe : Gu-nam, symbole de ces émigrants Coréens discriminés, Myun étant le parrain de la pègre de Yanbian, et Kim le réprésentant de la mafia Coréenne. Ce trio, dans son fonctionnement et la mentalité de chacun d’eux, tend à se rapprocher du célèbre “le Bon, la Brute et le Truand”. La quête de Gu-nam dans un milieu aussi perfide parait perdue d’avance, embarqué dans une spirale infernale qui va le pousser encore plus avant, sans que le spectateur n’arrive vraiment à s’impliquer dans ses motivations peu raisonnables ou raisonnées.
La petite note scénaristique imprévue vient de l’explication du contrat posé sur la tête du premier homme, qui arrivera dans les dernières minutes du film; une vengeance pour un acte dérisoire qui entrainera un déchainement de violence forcément disproportionné.
Trop stéréotypé dans sa forme, le réalisateur ne défendant aucune position sur le fond, alors qu’il avait entrouvert la porte à plusieurs réflexions (la discrimination, l’exode, l’histoire d’amour…), il manque un peu d’âme à ce film pour sortir d’un thriller ordinaire. Avec un rythme effréné et quelques prises de vues sympathiques, mais pas assez nombreuses, The Murderer restera un bon moment de cinéma pour les amateurs du genre, sans réussir cependant à s’extraire du lot.
Acteurs : Yun-seok Kim, Jung-woo Ha
Éditeur : Wild side Video
Pays : Corée du Sud