STREET FIGHTING CAT (NORANEKO SEKAI) volume 1 de SP☆NAKATEMA

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N’avez-vous jamais entendu, par une nuit d’été, deux chats violemment se défier ou s’étriper, dans une ruelle, un jardin, ou un terrain vague ? Et si je vous disais qu’il s’agissait en réalité d’un règlement de compte entre deux bandes rivales ? Eh oui : lorsqu’on a le dos tourné, les chats errants se lèvent sur leurs petites pattes et luttent pour leur survie, se partageant le territoire via divers clans mafieux !

C’est en tout cas ce que veut nous faire croire SP☆Nakatema avec sa série, Noraneko Sekai, publié au Japon entre 2014 et 2016 dans le Shônen Sunday Super de Shogakukan. Le titre arrive en France sous le titre Street Fighting Cat chez l’éditeur Doki-Doki, en succédant dans la catégorie baston/mafia à l’illustre Sun Ken Rock !  Un défi de taille que devront mater les matous, en seulement quatre volumes…

L’histoire suit principalement Hige (Moustache), une petite frappe reléguée au plus bas de la hiérarchie féline, suite au jour où il abandonna en pleine baston son meilleur ami, Torao. Ce dernier, devenu chef de bande, lui fait vivre un enfer, au point que Hige envisage d’en finir avec l’une de ses neuf vies. C’est alors qu’il rencontre un nouveau venu dans le quartier : le colossal Nobunaga. Suite à un certain concours de circonstance, Hige parvient à devenir son ami, et s’est ainsi trouvé un allié de poids dans l’adversité… Mais l’information parvient aux moustaches des caïds des quartiers voisins…

Si l’on met l’aspect félin de côté, Street Fighting Cat nous présente un récit de yakuzas pour le moins classique : des petites frappes harcelées, des trahisons lourdes de conséquences, des chefs plus ou moins redoutés, etc. Les clans se disputent des points stratégiques (en l’occurrence, des arrières boutiques de restaurants) et se sont divisés la ville en quartiers, à l’exception d’une zone neutre qui reste une source de convoitises. On découvre également un code d’honneur, avec quelques règles spécifiques aux chats : en particulier, ils doivent agir comme de « vrais » animaux lorsque des humains sont repérés dans les parages. Ce décalage apportera les séquences les plus drôles du volume, une séquence de baston pouvant être interrompue par des passants, et des chefs « humiliés » par des câlins avant de revenir aux affaires courantes comme si de rien n’était. Mais pour le reste, la série n’exploite pas encore tout le potentiel comique à sa disposition. On pourrait presque transposer les héros dans une forme humaine, cela ne changerait pas grand-chose : après tout, la loi du plus fort, du « mâle dominant », prévaut aussi dans les milieux mafieux classiques.

Du côté des dessins, la griffe de Nakatema n’est pas sans rappeler celle de Makoto Kobayashi : et difficile de ne pas voir un clin d’œil à What’s Michael sur la couverture de ce premier tome. Toutefois, les chats y sont représentés de manière moins mignonne, mais plus testostéronée, certains étant mêmes dotés de pectoraux. Les chefs de clans sont quant à eux couverts de cicatrices, ce qui semble tout naturel vu les étripages réguliers qui sont mis en scènes. Les combats sont dynamiques et les coups sont exagérés à l’extrême, tendant vers le cartoon. Mais n’imaginez pas pour autant que le titre ne se compose que de baston décérébrée : le récit est présenté au premier degré, et les séquences de dialogue sont très nombreuses dans ce premier volume.

Ainsi, Street Fighting Cat intrigue, à défaut de convaincre complètement. Malgré un graphisme volontairement grotesque et quelques idées efficaces, le concept de départ n’est pas encore exploité à sa juste valeur. Pire, la série se prend parfois trop au sérieux, et plombe son dynamisme par de longues phases d’exposition. Espérons que la suite fasse preuve de plus d’agilité, car pour l’instant, c’est pas vraiment chat.

Alain Broutta

STREET FIGHTING CAT (NORANEKO SEKAI) volume 1 de  SP☆NAKATEMA (2014)

Combat/Humour, Japon, Doki-Doki – Shônen, juillet 2017, 192 pages, livre broché 7,50 euros

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