EX-ARM volume 3 de Shin-Ya KOMI et HiRock

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Une mission délicate se présente à l’unité anti ex-arm. Un homme, dont l’équipement installé dans la prothèse de sa jambe lui permet de tout couper, sème la panique dans les maisons closes équipées de sexoïdes. Il est à la recherche d’une de ces androïdes destinés au marché du sexe. Or sa cible appartient à l’ex-président du Muanji, un dictateur sanguinaire à qui le Japon a accordé l’asile. Celui-ci se cachant dans un secteur sous contrôle de l’ONU, l’enquête promet d’être difficile tant sur le plan policier que diplomatique…

Pour ce 3ème tome, une question se pose d’office : est-ce l’histoire qui crée le fan-service ou le fan-service qui crée l’histoire ? Car cette fois on est servi ! D’abord, comme l’intrigue se déroule dans un milieu d’androïdes dédiés au sexe, nous sommes en présence de nombreuses « créatures » magnifiques ; en petites tenues voir la plupart du temps les seins nus, elles n’ont aucun problème de pudeur, sont attentives à tous les besoins et peuvent accomplir tous les désirs de leurs clients, même les plus extrêmes. Ensuite, Alma devant s’infiltrer dans un de ces lieux de perdition, elle doit subir un test pour voir si elle peut faire l’affaire. Akira étant en Alma pour qu’elle fasse plus « humaine », il subit de plein fouet les assauts d’une autre sexoïde, « grâce » aux capteurs tactiles dont sa partenaire est équipée, lors d’une séquence très explicite. En prime, en tant que nouvelle, elle doit faire la maintenance des autres androïdes, notamment les laver, surtout les endroits intimes… Nous avons donc droit à une bonne dose de fan-service. En plus de cela, nous avons quand même une histoire (si, si, il y en a une !). Pas mal de points sont bizarres. Pourquoi l’androïde recherchée travaille par intermittence dans une maison close ? Pourquoi le dictateur, accueilli par le Japon, se cache dans une zone contrôlée par l’ONU ? Comment l’homme que l’équipe poursuit à récupérer une ex-arm (tout comme le dictateur d’ailleurs) ? Pourquoi s’est-il aussi bien s’en servir ? Si nous mettons ceci de côté, le scénario est relativement complexe avec plusieurs factions en présence. C’est un peu confus parfois mais cela fonctionne, en restant dans le cadre du manga, réalisation comprise. De son côté, Akira semble de plus en plus être au centre de quelque chose de grand, des personnes dans l’ombre et même une société s’intéressant à lui.

Il y a cependant autre chose que les ex-arms qui est mis en avant et qui a une petite influence sur les relations entre les membres de l’équipe : la manière de traiter les androïdes, sexoïdes compris. Si ces derniers sont vus généralement comme des substituts ou des objets de plaisir, certains s’attachent à eux pour leurs qualités et le fait qu’elles soient toujours à l’écoute. Mais comme le dit Alma, elles ont été créées par l’homme, programmées pour faire ce qu’il faut. Elle-même se considère comme un outil et ne s’inquiète pas de ce qui peut lui arriver, tant qu’elle sert ses créateurs. Cependant Akira, vu qu’il peut se mettre à sa place, a du mal à comprendre cette façon de penser, cette passivité, cette notion de programmation qui importe par-dessus tout. Même si les androïdes ne semblent faire aucun cas de leur propre sort, il ne trouve pas cela normal. Minami va encore plus loin en ne faisant aucune discrimination, considérant même Alma comme son amie. Cela lui vaut quelques frictions avec Kimura, d’autant plus qu’elle est prête à aider ou à se mettre en danger pour un androïde. Ce tome met aussi l’accent sur la vengeance. Si le porteur de l’ex-arm a des « raisons » de se venger, sa manière de faire est largement discutable, les victimes collatérales étant nombreuses. Dans un sens, il est du même niveau de cruauté que sa cible, ne pensant à rien d’autre qu’à son objectif. Ensuite, les sexoïdes, bien que source de beaucoup de fan service, pose également une réflexion sur les problèmes liés au sexe dans je Japon actuel. Si elles sont appréciées notamment pour leur dévouement, en plus de leur « utilité », elles sont un miroir d’une société où les individus sont perdus entre leurs désirs, leurs besoins et leurs fantasmes. N’arrivant pas à communiquer avec l’autre sexe, ou n’essayant même plus, ils se tournent vers des substituts capables de combler toutes leurs attentes. Les sexoïdes pourraient être l’aboutissement extrêmement dangereux de ce besoin.

Pour résumé, si on excepte la nudité et la violence, très crue voir malsaine dans ce tome, et bien que l’histoire en elle-même n’est pas très originale, l’ensemble se laisse lire et pose quelques réflexions intéressantes.

Fabrice Docher

EX-ARM volume 3 de Shin-Ya KOMI et HiRock (2015)

Science-fiction / action / violence, Japon, Editions Delcourt/Tonkam – Young, décembre 2016, 212 pages, livre broché 9.35 euros

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