Suite à l’attaque des poissons papivores, Somali et son « père » ne peuvent plus accéder au seul livre parlant des humains, devenu illisible. Mais la sorcière Praliné, pour les remercier de leur intervention, leur remet discrètement un plan pour rejoindre leur doyenne, elle seule ayant apparemment consulté ce livre. Après maintes péripéties et malgré les réticences de la part de sa garde rapprochée, la très âgée Izolda les reçoit, alors qu’elle est sur son lit de mort. Elle va leur raconter l’histoire qu’elle a rapportée dans ce livre et les conséquences qui en ont découlées…
Il y a un peu moins de découverte dans ce 2ème tome de Somali mais l’histoire de Paraiso permet de mieux comprendre la mentalité des humains et les fondements de la guerre entre eux et les monstres. Et la vision que l’on nous offre de l’humanité n’est guère reluisante. Entre peur et rejet de la différence, elle est impitoyable envers les monstres, ne cherchant même pas à les comprendre. Paraiso, le golem sujet du fameux livre, a dû sûrement avoir recours à beaucoup de patience pour être accepté. Vu que tous les habitants du village, enfants compris, étaient prêts à tuer une sorcière ressemblant à une petite fille, on comprend que certains monstres ont aussi eu un rejet total de l’humanité. Heureusement, à une Somali très inquiète, la doyenne Izolda répond qu’elle n’a pas à s’inquiéter, vu qu’elle n’est pas du tout comme ceux évoqués dans le livre. Là est le principal message de ce manga : la tolérance. Les monstres étant tous très différents les uns des autres, ils n’ont aucun mal à s’accepter. Et Somali, alors qu’elle découvre le monde, est totalement émerveillée par ce qu’elle voit et ne rejette personne. Pourtant Yako Gureishi est très prolifique et semble avoir une imagination débordante. C’est l’autre gros bon point de cette œuvre où même les scènes les plus anodines pour apporter leur lot de surprises. A travers leur périple et toutes leurs actions au quotidien, la petite fille et l’être magique s’apprivoisent mutuellement au gré de leurs rencontres et de leurs découvertes. Cependant Somali se doute de quelque chose et commence à s’inquiéter. De plus, la fin du tome fait apparaitre un potentiel danger qui pourrait s’avérer mortel ! Le prochain volume risque d’être mouvementé. En attendant, on ne peut que s’extasier devant cet univers foisonnant, riche et beau. Le remarquable travail de la mangaka est bien mis en valeur par la qualité du travail de Komikku, dont le catalogue continue de s’enrichir de titres originaux. La fantasy a trouvé une nouvelle série pour lui faire gagner des lecteurs, dans un style mignon mais néanmoins loin d’être naïf.
Fabrice Docher
SOMALI ET L’ESPRIT DE LA FORET (SOMALI TO MORI NO KAMISAMA) volume 2 de Yako GUREISHI (2015)
Fantasy, Japon, Komikku éditions, janvier 2017, 176 pages, livre broché 7.90 euros