Se réveillant dans un lit d’hôpital, Shiori ne se rappelle de rien. Elle ne se souvient pas de l’accident de moto qui l’a conduite là, ni de son frère et de sa sœur, ni de son prétendu petit ami que se lamente à côté d’elle. Totalement perdue, elle se laisse guider par Akio, son grand frère très protecteur, qui la ramène chez eux où ils ne vivent qu’à 3, leur mère étant partie depuis longtemps et leur père mort depuis 1 an. Très vite elle se rend compte que certaines choses clochent : l’aversion de sa jeune sœur envers elle, son look outrancier sur des photos, son « petit ami » qui a l’air d’un voyou, etc.. En retournant au lycée, elle découvre que son intuition était la bonne ! Auparavant, elle était manipulatrice, égoïste, vulgaire, hypocrite et plus encore. Que doit-elle faire maintenant, alors qu’elle ne se reconnait plus dans l’image qu’elle donnait aux autres et qu’elle n’arrive plus à faire confiance à personne ?
A partir d’un postulat de base assez classique, Ricaco Iketani nous propose une histoire forte et sensible. L’amnésie de Shiori n’est pas qu’un prétexte, tous les problèmes liés à sa condition sont bien abordés, surtout que son contexte familiale n’est pas simple. Elle lui fait revisiter d’une manière peu habituelle le problème que beaucoup d’adolescents connaissent : trouver sa place dans la société. Amitié, amour, simple connaissance, elle doit tout réapprendre d’autant qu’elle part avec l’handicap de la piètre image qu’elle laissait auparavant d’elle-même. Une autre différence par rapport à beaucoup de shôjo est la force de caractère de l’héroïne. Loin de la fille naïve, nunuche ou indécise, Shiori ne se laisse pas faire même si elle se sent perdue. Elle ne se laisse pas guider (à part au début) sans réfléchir, elle analyse la situation, dit ce qu’elle pense et ne se conforme pas à l’image qu’ont les autres d’elle, même si cela serait plus simple. Ayant quasiment à « recréer » sa vie, elle décide d’aller de l’avant par rapport à ce qu’elle pense, à ce qu’elle croit maintenant, laissant de côté ce qu’elle a été avant. Bien sûr elle ne peut pas être tout le temps forte : alors qu’elle allait abandonner face au rejet de certaines personnes, son frère trouvera les mots pour la réconforter. Cette faiblesse passagère rend Shiori d’autant plus crédible face aux quelques doutes qu’elle a encore devant son avenir. Ce côté vrai, réaliste, est conforté par un dessin certes classique, sobre et sans fioritures, mais allant parfaitement dans le sens de l’histoire. Six Half (on attend encore de connaitre la raison du choix de ce titre) est un manga au ton résolument adulte, censé, avec pour héroïne une jeune fille forte et sensible à la fois : tout ce qu’il faut donc pour nous plaire.
Éditeur : Delcourt
Pays : Japon