Quoi de plus varié et de plus chatoyant qu’un sentô nous, dit Stéphanie Crohin Kishigami dans son dernier essai. Prise d’une passion sans bornes pour ces lieux spécifiques de la tradition nippone, cette expatriée n’a de cesse d’en explorer tous les recoins.
Apparu depuis la nuit des temps le bain japonais prend sa forme définitive à Edo en 1591. Mixte jusque dans les années 1840, l’ère Meiji, sous influence pudibonde, sépare les sexes. L’ère Showa (1926-1989) voit l’apogée du sentô avec environ 2700 sites uniquement à Tokyo. De nos jours il n’en reste plus que 520 dans la ville.
Hormis le bain, la qualité essentielle des sentô est la rencontre des générations, des classes sociales. C’est un lieu d’informations, de partage sur la vie du quartier comme le sont nos boulangeries.
Il existe trois sortes de sentô. Certains ressemblent aux temples bouddhistes situés surtout dans le Kantô. Ce sont les miyadzukuri. Les plus répandus sont les traditionnels qui ont traversé les générations. Et pour finir, des « designers’sentô » conçoivent les plus modernes. Tous sont réalisés avec de la céramique, des carreaux et quelques uns avec du bois. En fond, on trouve toujours une immense fresque : penki-e. Un muraliste l’a peinte , il en reste seulement trois en exercice. Parfois, il s’agit d’une mosaïque. Les sujets en sont des paysages japonais célèbres comme le mont Fuji et parfois des peintures occidentales de type impressionniste ou surréaliste.
Un guide dessiné termine la première partie. Il permet de connaître les us et coutumes de ces lieux atypiques.
Dans une deuxième grande partie l’autrice détaille individuellement un grand nombre de sentô de plusieurs villes du Japon. Une multitude de photos agrémentent ces visites guidées.
Une écriture sobre et didactique qui permet de remonter à la source des sentô et qui en donne un large panorama. Un beau livre à mettre entre les mains de ceux qui souhaitent plonger dans le bain !
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Sentô l’art des bains japonais, Stéphanie Crohin Kishigami, 240 p., 22€, collection Le Prunier, éd. Sully.