Samura d’Oku paraît chez Vega-Dupuis. Attention talent !

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Où suis-je ? À l’instar du protagoniste du manga, Samura d’Oku, le lecteur peut légitimement se poser la même question.

Est-il dans la réalité ou dans celle du personnage ou encore dans un ailleurs onirique sans attaches précises ? Quelle est cette cité où déambule ce samouraï sans but apparent : Samura ?. Il a l’apparence avenante, mais le katana redoutable. Que signifie ce rendez-vous avec ce policier qu’il finit par occire ? Était-ce lui l’ interlocuteur attendu ? Même s’il sait qu’il va ressusciter.

Pendant le parcours du samouraï, nous croisons plusieurs entités bien connues de la mythologie nippone. Tel ce prunier sakura qui se révèle être une jeune femme hybride. Ou ce Daruma géant qu’il fend en deux, par charité, concède-t-il. Ou ces Jizo qui l’entraînent dans les méandres d’un temple. Là, il semble se transformer en prunier face à un bas-relief de têtes de Bouddha impassibles sauf une. Que laisse-t-elle entrevoir dans ce sourire moqueur ? Nous sommes bien en peine de l’imaginer.

Voilà pour l’aspect poétique du récit qui, d’ailleurs, nous est souvent révélé par des lavis ou des aquarelles d’une subtile finesse.

Cependant, l’auteur s’amuse parfois à mélanger les genres. Si bien que son graphisme prend une tournure plus humoristique, voire franchement comique au travers d’un crayonné succinct en fonction des rencontres. Les différents protagonistes apparaissent aussi bien sous cette forme que sous celle de peintures extrêmement abouties.

Cette histoire, sans queue ni tête, sauf celle avec le dragon acariâtre, propulse le protagoniste dans une course poursuite de plus en plus loufoque pour notre plus grand plaisir hédoniste.

Un véritable régal esthétique pour une œuvre qui allie comique, sérieux et rêverie grâce à un savant équilibre de ces penchants humains.

Par l’ampleur de son talent, Oku gagne à être connu dans l’univers francophone. Ce voyage dans les méandres d’une cité fantasmée est le début d’une série prometteuse.

Seul petit bémol au sujet de ce seinen jubilatoire. On sent l’artiste quelque peu à l’étroit dans ce moyen format. Un espace graphique plus ample l’aurait sublimé sans conteste.

Quoi qu’il en soit, si certains aspects de cette aventure échappent forcément au lecteur, il  reste que son onirisme le transporte bien loin de notre monde chaotique. À lire et à relire, donc, pour s’imprégner d’une réelle sensation d’apaisement.

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

Samura d’Oku, format 24,2 X17,4 cm, 166 pages, 20€, collection Alpha, éd. Vega-Dupuis. En librairie le 20 octobre.

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