Après la traumatisante guerre du Vietnam, Murakami Ryû préfère installer ses trois personnages dans le luxe et la quiétude apparente du Raffles Hôtel à Singapour au squatt bruyant de Londres de Slocombe. Histoire à trois voix (tour à tour celle de Moeko l’actrice, Kariya le photographe et Takeo l’escort-boy) et à différentes voies – on passe du dialogue au monologue introspectif sans prévenir et la même scène est joué, puis rejoué – “Raffles Hôtel” est une réflexion cynique sur le monde de la photographie et du cinéma (“Tout est jeu d’acteur”).
Le lecteur sera désorienté – comme dans la plupart des autres romans de Murakami Ryû -, mais force est de constater que le lire est une aventure en soi, un mélange indicible entre étrangeté et angoisse, fascination et répulsion, un noman’s land, une zone de non droit, un espace temps en dehors du monde.
Éditeur : Picquier Poche
Pays : Divers