La distribution des boites d’allumettes reprend son cours normal après quelques digressions dans le volume précédent. On retrouve des personnes qui les utilisent pour améliorer leur quotidien et qui deviennent parfois prisonnier de leur utilisation et victime de leur propre souhait. Il y a aussi des utilisations différentes comme celle qui s’en sert non pas pour réagir par rapport aux autres mais pour que les autres réagissent par rapport à elle. Ou un renardeau qui prend une apparence humaine pour venger ses parents victimes d’un chasseur. Idem pour le jeune homme qui se découvre une passion pour la course à pied et qui arrive, avec le coup de pouce d’un ancien utilisateur d’allumettes, a trouvé un vrai sens à la motivation qu’il avait souhaitée. Il y a parfois aussi les totalement farfelus qui ne s’en servent que comme une vrai allumette (pour trouver l’inspiration). Les cas sont donc toujours extrêmement variés, avec à chaque une morale très forte sur la volonté, sur ce que nous apporte nos souhait, sur ce que nous recherchons vraiment. Le principal intérêt de ce 5ème volume est cependant l’apparition à la fin du 4ème enfant de la photo que Kurage a vu une fois. On découvre ainsi une petite fille qui veut ressembler à Rin pour l’aider mais qui se retrouve à faire n’importe quoi avec ses « annulettes », qui causent plus de catastrophes qu’autre chose. Les 4 enfants vont être enfin réunis, que va-t-il alors se passer ?
En attendant ce que proposera le dernier volume (apparemment) de la série, nous avons toujours une réflexion sur les hommes, leurs souhaits, leurs désirs, leur volonté, la force de leur esprit, la valeur de leur souhait. Les allumettes, les bougies, les lanternes : sont-elles là pour leur faciliter la vie ? Sont-elles là pour valider des choix ? Sont-elles pour les remplacer, tout faire à leur place ? Les utilisations sont multiples mais les conséquences possibles peuvent être désastreuses. Encore une fois il faut se poser la question de la pertinence de nos souhaits, de bien analyser les conséquences de ce que nous désirons, les efforts que nous souhaitons faire ou pas, la reconnaissance de ce que l’on est réellement. Etrange par son traitement, ses propos et ses personnages, ce manga pousse à la réflexion et a donc totalement dépassée le conte de départ. Rin et les autres enfants sont toujours autant énigmatiques (que sont-ils réellement, d’où viennent-ils, que recherchent-ils ?) mais cela donne un côté mystère qui colle bien à ce type d’histoire et qui crée un ressort scénaristique très efficace. Une fois habitué au style graphisme particulier et la construction un peu spéciale parfois, ce manga mérite que l’on s’y attarde pour la profondeur de ses histoires.
Fabrice Docher
LA PETITE FILLE AUX ALLUMETTES (THE LITTLE MATCH GIRL) volume 5 de Sanami SUZUKI (2017)
Fantastique / comédie / drame, Japon, Komikku éditions, novembre 2017, 196 pages, livre broché 7.90 euros