Papa de Fumiko Hayashi est paru aux éditions du Canoë.

Le roman de Fumiko Hayashi, Papa, nous raconte le retour d’un père dans sa famille du point de vue de son fil ainé. La guerre est finie pour l’impérialisme nippon enfin mis hors de nuire.

Malgré les conséquences dévastatrices des nombreux bombardements américains sur Tokyo, la famille de Kenichi se retrouve au complet dans sa maison encore debout.

La vie reprend tant bien que mal. Malgré les privations et le marché noir, chaque membre de la famille vaque à des occupations souvent liées à la subsistance. Le père cherche de travail, la mère assume résolument son rôle, tandis que le héros retourne à l’école primaire pour y cultiver un jardin collectif. Sa sœur et son frère réintègrent leur classe.

Toutefois de nombreux dérivatifs agrémentent la routine de ce renouveau. Le père invente des histoires rocambolesques. Kenichi aide un pauvre gamin à retrouver sa grand-mère. Bien d’autres petits détails embellissent, sans naïveté, le roman. En somme, la vie reprend son cours dans lequel la guerre est très vite estompée.

Voilà un regard tendre et compatissant sur des victimes de la dévastation. Grâce à l’attention curieuse d’un enfant, le lecteur appréhende mieux toute l’horreur de la guerre, mais sans pathos.

Tout comme la réunion de la famille, on perçoit en arrière plan de ce microcosme, la reconstruction du pays par ses citoyens.

Autre regard original sur la guerre qui n’en finit pas de dévorer ses enfants, toujours aux éditions du Canoë, ce sont les 13 nouvelles d’André Bouny réunies sous le titre éponyme de l’une d’entre elle qui dit tout : Les neuf fils de Madame Thu. Tous lui ont été enlevés par l’une ou l’autre guerre qui, sur à peu près un siècle, ont ravagé le Vietnam. Chaque nouvelle illustre un épisode tragique de l’histoire récente du pays et en fait ressortir la résistance absolue du peuple vietnamien et de la nature même, animale et végétale,  leur résilience. Les textes sont âtres, sans concession ni fioriture. Ils disent l’horreur, la mettent sous nos yeux. Leur lecture ne  peut laisser indifférent et est nécessaire pour qu’on la sache. Colette Lombrichs, dans sa préface, mesure bien l’ampleur de ce recueil : « La littérature a ce pouvoir de nous mettre face à nous-même, surtout lorsqu’elle manie une langue précise qui ne fait pas de quartier ». C’est bien le cas de celle d’André Bouny.

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

Papa de Fumiko Hayashi, 127 pages, 12 €, éd. du Canoë.

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