Chacun, en Occident, connaît le mot Kamikaze : vent divin. Mais qu’en est-il réellement de la psychologie et des motivations profondes de ces pilotes d’infortune ? Sans parler de l’origine surnaturelle du mot au XVIè siècle. C’est ce qu’explore Stéphanie Hochet dans son roman Pacifique datant de 2020. Elle y retrace l’épopée d’un groupe de très jeunes pilotes à peine sortis de l’adolescence et de leurs rêves d’avenir glorieux.
Tous sont destinés et prêts à donner leur vie pour l’empire du Grand Japon. Si parmi eux, nombreux sont les fanatiques inféodés à la doctrine impérialiste de l’état-major quelques-uns cogitent. C’est le cas de Kaneda Isao, le héros du livre. Bien qu’élevé par sa grand-mère dans l’esprit samouraï et se réjouissant de devenir Kikusui : un chrysanthème flottant, il comprend mal pourquoi il doit mourir pour son pays. D’autant que ce dernier est en train de succomber bien qu’on lui affirme le contraire. Toutefois, soumis comme ses camarades à un embrigadement retors, il s’élance dans les airs à la conquête de l’éternité.
Si effectivement, il l’atteint bien, ce n’est pas celle à laquelle il croyait… Envolé pour s’écraser sur un navire américain, c’est sur une petite île japonaise perdue, qui vit presque au rythme de la période Edo, qu’il échoue. Sa vie bascule alors, en même temps que son avion…
D’une écriture sans emphase avec juste ce qu’il faut de « touche japonaise » pour nous immerger dans l’atmosphère de l’avant et la conclusion de la guerre. Ce petit roman donne une idée claire et saisissante des conditions d’embrigadement et des contraintes auxquelles furent astreints les jeunes « volontaires » toujours prêts à un inutile sacrifice.
Sur le même thème on pourra aussi consulter l’excellent ouvrage d’un témoignage authentique de ce que furent les camps d’entraînement de pilotes suicides. Il s’agit de Kamikaze de Yasuo Kuwahara qui en fut un.
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Pacifique, Stéphanie Hochet, 160 p., 7,20€, éd. Rivages Poche. En librairie le 12 mai.