Luffy et ses amis rencontrent une vieille femme, qui se cachait dans un coffre. Afin de les pousser à la ramener chez elle, cette dame rabougrie leur promet qu’ils seront récompensés par un trésor : une couronne d’or, réservée au Roi des Mers. Cependant, l’île est protégée par un puissant système de défense mécanisé, dirigé par son gouverneur, Ratchet… qui n’est autre que le fils chéri de la vieille femme ! En explorant les côtes de l’île, l’équipage du Chapeau de Paille entend une chanson, dont les paroles semblent être des indices menant au trésor… Ratchet propose alors une alliance à nos héros !
A première vue, ce septième opus cinématographique de One Piece semble reprendre la recette des films précédents. Toutefois, le scénario prend rapidement un parti pris davantage axé sur l’aventure et l’exploration, et moins sur la baston pure. La résolution de l’énigme de la chanson, ou la collaboration avec les futurs antagonistes, offrent à l’ensemble un tempo un peu particulier. Pour autant, on retrouve les facéties habituelles de l’équipage : Luffy est enthousiaste pour tout, en particulier envers les nombreuses machines de l’île, Usopp fait son froussard, Sanji fait son pervers, et ainsi de suite. Notons cependant la sous-exploitation de Chopper, plus dans la constatation que dans l’action alors que le scénario lui tend une perche importante.
La seconde partie du récit est autrement plus classique, et c’est là que le bât blesse. Si l’ensemble de l’équipage doit faire face à une gigantesque forteresse mobile, on retrouvera rapidement des duels opposant les chefs aux chefs, et les lieutenants aux lieutenants. Et malheureusement, les trois ennemis de Luffy manquent cruellement de charisme pour représenter une quelconque menace, malgré leurs machines de combat. De même, les velléités de domination mondiale de Ratchet paraissent bien ridicules au vu de l’arsenal dont il dispose. De fait, difficile de s’impliquer dans les enjeux ou de ressentir une quelconque conséquence en cas d’échec de nos héros. Au final, la seule particularité du film est de présenter la toute première occurrence du « Gear 2 » dans la saga, dans un mouvement final qui perd de son impact dans ce format papier.
Car oui, cette adaptation en anime comics peine à retranscrire le dynamisme ambiant. En outre, il nait sur quelques séquences une certaine confusion. En particulier lorsque tout l’équipage parle en hors-champ (les répliques de chaque membre sont alors indiquées par une couleur différentes), ou quand un personnage change d’expression sur un même plan fixe (adapté via l’inclusion d’une case bullée). D’autres captures d’écran trahissent le travail assez passable de certains intervalles, ou zooment sur des personnages filmés de loin, pour un résultat assez peu appréciable.
En définitive, il est parfois difficile de s’impliquer complètement dans cette histoire. Est-ce à cause de ses enjeux ou de ses antagonistes pas assez impressionnants ? A moins que le passage au format anime comics ait plombé le dynamisme de la narration ? Dans tous les cas, on lui préférera sans doute la version originale.
Alain Broutta
ONE PIECE – LE MECHA GEANT DU CHATEAU KARAKURI (ONE PIECE : KARAKURI-JOU NO MECHA Kyohei) anime comics de JUMP COMICS, d’après Eiichiro ODA (2003)
Aventure/Action, Japon, Glénat – Shonen, juin 2017, 352 pages, livre broché 9,60 euros