A l’automne 1976, le lieutenant Sano se rend sur le lieu d’un homicide dans les Alpes japonaise du sud. Dès qu’il commence son enquête, il est troublé par des détails bizarres et l’attitude du « meurtrier » ne l’aide pas. De plus, il a toujours en tête le suicide d’une famille dont il s’est occupé quelques jours plus tôt. Le fils, seul survivant, semble avoir subi des séquelles psychologiques importants. En été 1989, l’affaire de l’homicide rebondit avec la découverte d’un squelette non loin et datant de la même époque. En allant à Tokyo pour interroger le suspect de l’époque, le désormais capitaine Sano se heurte au lieutenant Gôda. Celui-ci veut interroger le même homme pour une affaire de vol avec violence. Après une discussion, ils arrivent à s’entendre pour coopérer. Néanmoins, ils ne le savent pas encore mais les policiers vont être amenés à se revoir. Lorsqu’en 1992, Gôda enquête sur plusieurs homicides étranges, son intuition l’emportera dans les montagnes sur les traces du dossier de Sano…
Des meurtres apparemment sans lien. Un enfant touché par un traumatisme, devant vivre avec des troubles mentaux. Un squelette enterré près d’un sentier de montagne. Des petits vols étranges. Plusieurs faits qui semblent sans lien s’accumulent. Se déroulant à différents endroits, à différentes dates et concernant différentes juridictions, ils nous entrainent dans un labyrinthe. Les rivalités entre les services de Police impliquées n’arrangeront pas l’avancée de ce qui ne se révèlera finalement n’être qu’un seul dossier. Face à ces complications, les seuls qui chercheront à aller plus loin que leurs prérogatives sont le lieutenant Gôda et dans une moindre mesure le capitaine Sano. Ils chercheront à trouver un sens à une affaire dans les ramifications seront longtemps insoupçonnées. Et pendant ce temps la montagne attend… Qu’elle soit de toute beauté en pleine lumière ou dangereuse lorsque recouverte de brume, elle est là, spectatrice des histoires des hommes…
A travers cette enquête compliquée, Kaoru Takamura nous immerge au cœur de la Police japonaise. Rechercher les indices, interroger les suspects, étudier les victimes, etc. : tout le travail de recherche est présenté. Mais devant la complexité de l’affaire, l’auteur met également en évidence la rigidité de l’administration, la puissance de la hiérarchie et les rivalités entre services. Nous sommes tout aussi perdus que nos policiers devant cette enquête labyrinthique : les nombres d’intervenants, les multiples temporalités et lieux rendent l’ensemble un peu confus. Et la conclusion ne me semble pas à la hauteur de l’histoire. Il nous reste des personnages hauts en couleur et surtout des décors magnifiques. La montagne est ainsi réellement présente, dans son entièreté. Et rien que pour cela, ce roman mérite d’être découvert.
Fabrice Docher
MONTAGNE CLAIRE, MONTAGNE OBSCURE (MAAKUSU NO YAMA) de Kaoru TAKAMURA (1993)
Policier, Japon, Actes Sud – collection Actes noirs, octobre 2017, 576 pages, livre broché 23.80 euros