Suite au succès du film de Roland Emmerich et en attendant le score original de David Arnold, voici une compilation digne de ce nom consacrée à Godzilla (les BOF des Godzilla, sorties il y a quelques années en import, sont aujourd’hui introuvables). Les compositeurs du soleil levant ont toujours manifesté une grande admiration pour leurs homologues américains ce qui explique leur style hollywoodien. Sur les 22 plages du disque, 11 sont dévolues à Akira Ifukube, principal collaborateur de Hinoshiro Honda, le créateur de la grosse bestiole. On y trouve bien sûr le fameux thème, mais aussi quelques marches qui illustraient la lutte valeureuse des soldats contre le monstre atomique. Ces marches enjouées font très “fleur au fusil”, mais c’est surtout dans les moments d’émotion que Ifukube fait preuve de son talent. Pour “Godzilla contre Mothra 92”, il compose “The Letter” et “Requiem” pour “Godzilla vs. Destroyer 95”. Dans ce dernier épisode Godzilla meurt et le compositeur, revenu pour l’occasion, offre un enterrement musical de première classe à la créature. Il avait déjà composé un requiem pour le film de 1954, quand le savant se sacrifie pour sauver le pays en s’immergeant dans la mer avec son gaz mortel. Dans un sens Ifukube dramatise à l’extrême ses compositions, faisant ressortir la pesanteur de Godzilla par une énorme masse orchestrale et dans l’autre la douleur de ses victimes. Il est à ce titre le grand poète de l’apocalypse, un gardien du souvenir de la bombe qui traumatisa tout un peuple. Ce compositeur prolixe mais discret, s’étonnera toujours de l’intérêt que l’on porta à son oeuvre. Il créera pourtant un style qui fera école dans le cinéma de science fiction et de fantastique japonais.
Dans “Godzilla Vs. Biollante 89”, le compositeur Kohichi Sugiyama connaît les classiques US. John Williams est au coeur de cet album par des emprunts directs à “Superman” et “Les Dents de la Mer”. Masaru Satoh présente “Le Fils de Godzilla” dans un petit morceau humoristique. “Kamakilas” introduit une orchestration pop sur un rythme staccato. Pour “Godzilla vs. The Sea Monster 66” il s’imprègne de Ravel pour un boléro !
Monster Mania est le disque idéal pour découvrir l’incroyable saga tragi-comique de Godzilla illustrée par des artistes talentueux sur quarante années. La réussite de l’ensemble vient aussi du choix des séquences : génériques, morceaux d’action ou thème d’amour… en somme ce qui est le plus intéressant dans un film. Pour tout savoir sur la grosse bestiole, reportez-vous à “The Craignos Monsters” de Jean-Pierre Putters, Ed. Vents d’Ouest (1995) et au numéro de HK Orient Extrême Cinéma de septembre 98.
Éditeur :
Pays : Japon