C’est avec un immense plaisir esthétique que nous vous présentons la réédition de Momotaro du grand dessinateur de bande dessinée italien Sergio Toppi. Fidèle à son trait noir et blanc, il nous transporte dans un conte japonais de son cru.
Sauvé tout bébé par un soldat du prince déchu Shimura, Momotaro vit avec son père adoptif dans la forêt. À l’abri du nouveau prince des ténèbres Washizu. Comme il grandit au contact de la Nature, il en apprend vite les divers langages et les mystères. C’est ainsi qu’un jour il sauve un renard emprisonné par des braconniers qui voulaient tirer profit de sa magnifique fourrure.
Quelques années plus tard, il quitte son foyer pour accomplir son destin. En route, il croise le renard qui semble l’attendre pour payer sa dette. Ensemble ils se rendent à la ville où Washizu règne par une terreur sans mesure. Inévitablement, les deux complices vont se heurter à lui et à ses sbires démoniaques. Sauront-ils déjouer les maléfices et la force du potentat ? La lutte s’annonce déséquilibrée et elle n’aura qu’un vainqueur…
Comme toujours chez Toppi, le graphisme est d’un incroyable dynamisme. Il s’accompagne d’un réalisme transcendé par le surnaturel. Le Mal y est hypertrophié tandis que les représentants du Bien grimpent à son assaut. La mise en page est savante mais reste d’une fluidité remarquable.
On attend avec impatience d’autres rééditions du scénariste et dessinateur décédé en 2012 (1). Le Japon l’a toujours fasciné et beaucoup inspiré. Il disait lors d’une interview : Ce qui me fascine chez les Nippons, c’est cette précision maniaque et c’est ce qui me manque. J’ai pour cet univers une admiration mêlée d’effroi. Rééditer Tanka, son album one shot serait une bonne idée…
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
(1) lire notre article https://asiexpo.fr/face-cachee-de-toppi-parait-chez-mosquito/
Momotaro, Toppi, 54 p., 14€, éd. Mosquito.