Adaptation d’un seinen historique de Hinako Sugiura, Miss Hokusai a été auréolé de nombreux prix dont celui du jury du festival du film d’animation d’Annecy. Le dessin animé nous plonge à la fin de la période Edo, dans le Tokyo du début du XIXè siècle. La jeune fille vit à l’ombre de son père, le grand maître de l’Ukiyo-é, dans son atelier où elle dessine autant qu’elle apprend. Elle tient de lui sa vie non conventionnelle, son talent démesuré et son opiniâtreté au travail. On découvre sa mère et sa petite sœur aveugle qui vivent dans une maison séparée et que le maître ne prend pas le temps d’aller voir tant il ne vit qu’au travers de ses créations et que pour elles.
C’est par ce personnage aussi truculent que son père que l’on découvre ou redécouvre des œuvres majeures telles la vague, bien-sûr, mais aussi dragons, personnages fantastiques et autres shungas (gravures érotiques) que le maître exécutait sans relâche.
Keiichi Hara dont on avait déjà beaucoup apprécié Un été avec Coo et Colorful adapte avec beaucoup de respect et de finesse, le manga Suruberi, Miss Hokusai. Il en rend tout le pittoresque avec le petit chien de la jeune fille ou l’apprenti qu’elle surnomme Zen l’empoté, la délicatesse aussi avec la petite soeur aveugle et l’esprit même d’Edo et d’Hokusai lui-même, notamment avec les nombreuses scènes situées sur le pont Ryogoku. Clin d’œil final du réalisateur avec son dernier plan d’un pont du Tokyo d’aujourd’hui qui se superpose au pont d’Edo d’hier…
Un DVD entier de bonus dont un making of d’1h 20, journal de la fabrication du film et des affres du réalisateur : intéressant mais un peu long.
Camille Douzelet