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Lost in Shopping : Interview de Wee Li Lin, réalisatrice de “Gone Shopping”

Chroniques tous | défaut | interview

Fresque douce-amère sur la solitude, la frustration et la recherche de chaleur humaine, “Gone shopping” (Wee Li Lin, 2007) est probablement le meilleur film singapourien depuis le “Be With Me” d’Eric Khoo, avec lequel il partage quelques traits communs, notamment les entrelacs de trois histoires et une vision tendre et en même temps désespérée de l’existence – une caractéristique qui, de “Twelve Storeys”(Eric Khoo, 1997) à “Perth” (Djinn, 2004), semble être une constante du nouveau et talentueux cinéma singapourien.


En ce qui concerne l’identité, on parle mandarin, anglais, tamoul et malais dans “Gone shopping”. A ma connaissance, il s’agit du premier long métrage utilisant les quatre langues officielles qui sont un des piliers identitaires de Singapour. C’est un choix linguistique délibéré ?
Au départ, le scénario était écrit en anglais. Je l’ai réécrit en utilisant le mandarin pour le personnage de Clara et en ajoutant plus de dialogues en tamoul, puisque c’est la principale langue indienne parlée dans le grand magasin Mustafa. On a eu de la chance, parce qu’on s’est rendu compte que la petite fille qui joue Renu parlait bien tamoul, ce qui est rare parce que l’anglais est devenu la lingua franca des jeunes Singapouriens d’origine indienne.
Le choix de ne pas utiliser le singlish (pidgin local mêlant anglais, dialectes chinois et malais) vient du fait que je suis souvent déçue par les films singapouriens qui, pour faire couleur locale, abusent du singlish ou des dialectes, alors que ce n’est plus le cas dans la réalité. Dans mon film, chacun parle sa langue maternelle et est à l’aise comme ça, sans caricature. Les vendeuses du film viennent de Malaisie et parlent mandarin, car elles ne connaissent pas les dialectes. Peut-être que les ah bengs (lascars banlieusards locaux ) n’aimeront pas ce choix, mais ils iront voir un autre film, de toute manière.

Vous avez construit une intrigue qui me fait penser au film “Short cuts” de Robert Altman, ou bien au “Be with me” d’Eric Khoo. Les histoires se développent parallèlement et font peu à peu monter une certaine tension, qui pourrait exploser. Finalement, chacun des personnages laisse un peu percer sa frustration et sa violence : Clara attaque une hideuse tai-tai qui l’avait humiliée, Aaron menace de son épée un type qui courtise Hui Hui-Hayumi et la petite Renu dit dans le micro de Mustafa tout le mal qu’elle pense de ses parents, devant la foule des clients. Pourtant, contrairement à d’autres films locaux traitant des frustrations, comme “Perth” ou “Twelve Storeys”, la violence reste plus ou moins contrôlée, sur le fil. C’était déjà le cas dans vos films précédents, notamment “Holiday”. Pensez-vous que cet équilibre entre la violence des frustrations et une sorte de résignation douce-amère est votre marque de fabrique ?
Oui. Les Singapouriens ne franchissent presque jamais le pas fatal, en fait. Aaron n’a pas le cran de tuer. Clara non plus. La petite Renu par contre n’hésite pas à sévèrement engueuler ses parents au micro, mais elle le fait parce qu’elle sait qu’ils ne sont plus dans le magasin et qu’ils ne reviendront plus la chercher, de toute façon. Il y a donc des explosions, mais on se calme vite – pour moi, c’est très singapourien.
Effectivement, pour ce film, j’ai voulu construire une narration et des tensions comme dans des films que j’aime beaucoup : “Short cuts”, que j’ai vu de nombreuses fois et que j’adore, “Be with me”, “Twelve Storeys” d’Eric Khoo, “Do the right thing” de Spike Lee, “Magnolia” et aussi “American Beauty” – et même si ce dernier film ne raconte pas plusieurs histoires, je m’en suis inspiré pour la trame et la montée en douceur de la tension…

Si l’on en croit les écrits de Raphaël Millet (dans son livre “Le cinéma de Singapour, paradis perdu, doute existentiel, crise identitaire et mélancolie contemporaine”), le principal critique et spécialiste du cinéma singapourien, la mélancolie serait l’élément le plus constant du cinéma singapourien contemporain et, en effet, bon nombre des meilleurs films locaux sont emplis d’un profond vague à l’âme, que ce soient le “Perth” de Djinn, les films de Royston Tan et d’Eric Khoo, mais même aussi des comédies comme “I not stupid” de Jack Neo ou “Singapore dreaming”, qui dégagent un parfum doux-amer de désespoir. Vous inscrivez-vous dans cette tendance et pensez-vous que “Gone shopping” est fondamentalement un film mélancolique ?
Oui, certainement… “Gone shopping” était au départ très sombre et sérieux et l’influence de l’actrice Kym Ng a insufflé plus d’humour noir et de romantisme. Le très glauque “Twelve Storeys” est sans doute mon film préféré et j’aimerais être capable de réaliser un tel chef-d’oeuvre sombre et profond, mais mon tempérament me pousse souvent vers la fantaisie, la surface et la comédie romantique. Mais c’est mon premier long métrage et je compte bien développer plus en profondeur ce thème du consumérisme et du centre commercial vu comme métaphore humaine dans mes prochains films.

Des photos, revues de presse, extraits et bandes-annonces de “Gone shopping”sont visibles sur internet, sur le site http://www.goneshoppingthemovie.com

Propos recueillis par Etienne Dessaut, le 8 août 2007 à Singapour.

Pays : Singapour

Etienne Dessaut

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