L’autrice coréenne du sud, Kim Jay, nous narre, dans son nouvel ouvrage, deux histoires de crime très différentes, en parallèle. Chacune a comme point commun, un mystérieux personnage Reallove et son héros, Kim Seong-ho. Dans la première, ce dernier est un profileur de la police nationale à Séoul. Il est chargé de faire avouer à un adolescent un assassinat orchestré par l’intermédiaire d’internet.
Bien que tout accuse le collégien, le policier doute de sa culpabilité. C’est alors que l’ensemble des coordonnées du profileur sont dévoilées sur le net. Le nom du fameux Reallove12 finit par apparaître au travers des multiples messages que Yi Ju-yeong, une collègue, est chargée de mettre à jour sur la toile. Toutefois, il faudra attendre la fin du récit pour se trouver confronté à une belle surprise concernant cet intriguant inconnu.
Afin de faire profil bas, dans la seconde histoire, le policier est envoyé par son supérieur sur l’île de Sambo. Il part enquêter sur trois disparitions inexplicables de femmes insulaires. Fin psychologue et en collaboration étroite avec la police locale, il finit par cerner le probable responsable des agressions. Toutefois, il ne peut se douter que Reallove fraye avec ce dernier… Et lui fera chèrement payer un passé qu’il ne veut pas assumer.
Si l’autrice résout bien les énigmes dans lesquelles elle nous entraîne, par la même occasion, elle nous assène un retournement de situation savamment construit tout au long du récit et que peu d’indices nous amènent à percevoir. D’autant que les deux histoires sont menées de façon classique, même si Kim Seong-ho les conduit à sa manière, à savoir très cérébrale.
Chaque détail de la narration est essentiel et est finement positionné tout au long du récit pour nous conduire là où l’autrice le veut. Du grand art pour cette autrice très réputée dans son pays et fer de lance d’une cohorte d’écrivaines de polars à la patte très féminine dont les jeunes éditions Matin Calme nous font partager de nombreux titres phares.
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
L’île des Chamanes de Kim Jay, roman traduit du coréen par Choe Ae-young et Jean Bellemin-Noël, 330 p., 20,90€, éd. Matin Calme.