Tout commence au début du 20è siècle, au sud de la Chine, près de Putian. Le jeune Yong Sheng est le fils d’un menuisier-charpentier qui, à ses heures perdues, fabrique des sifflets qu’il accroche à la queue des colombes. C’est en pension chez un pasteur américain que naît sa vocation : il deviendra le premier pasteur chinois de son village, sans abandonner la tradition de son père. Pour sauver sa grand-mère, il est marié de force à 14 ans à une jeune fille d’un village voisin qui lui donnera une fille. Cependant Il part à Nankin faire des études de théologie.
Il se confronte à a guerre civile opposant les nationalistes aux communistes avant de rentrer dans son village et d’officier en tant que pasteur. Il retrouve sa fille pour quelques années de bonheur. Avec l’avènement de la République populaire, en 1949, les ennuis commencent. Ils culminent avec la Révolution culturelle. Il est alors, déclaré « ennemi du peuple », subit humiliations et coercition dont la plus abjecte est celle de nettoyer les latrines avec un « cornet d’infamie » sur la tête.
Dai Sijie raconte, en fait, l’histoire de son grand-père qui traverse celle de la Chine du Xxè siècle. Comme il s’était inspiré de sa propre histoire pour raconter celle de Balzac et la petite tailleuse chinoise, il réitère le procédé.
Le récit est écrit dans un style factuel, neutre, mais il est aussi épique. Du fait de l’horreur des événements qui vont contrecarrer la vocation du héros. L’auteur mêle plusieurs traditions, occidentale et orientale, dans un syncrétisme surprenant. Il vise, ainsi, à faire de ce grand-père une réincarnation du Christ, pas moins…
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
L’Évangile selon Yong Sheng , Dai Sijie, 440 pages,Gallimard, 22€, février 2019.