Voici venue enfin l’heure du dernier duel entre Shizuku Kanzaki et Issei Tomine, afin de déterminer qui pourra prétendre à résoudre le mystère des Gouttes de Dieu. Après la présentation de ce douzième apôtre, au texte évoquant le temps et l’éternité, chacun est parti explorer des pistes, pour le moins personnelles, qu’il est à présent temps de confronter. Loulan et Christopher Watkins ont également fait le déplacement pour assister à cette ultime confrontation… Mais la quête de l’héritage de Yutaka Kanzaki échoue-t-elle vraiment à son terme ?
Dans sa première partie, ce dernier volume des Gouttes de Dieu ne brille pas par son originalité : la révélation du douzième apôtre suit le rituel apprécié sur les onze précédents, et son issue n’offre guère de surprise sur le plan de la compétition. On appréciera en revanche les dégustations animées des deux frères ennemis, comme de leurs outsiders venus les observer : toujours empreintes d’une symbolique transcendante, leurs descriptions s’avèrent ici particulièrement complémentaires. Ainsi, l’aïeul disparu nargue ses héritiers, tout comme les auteurs narguent le lecteur. Car si les apôtres ont bien tombé le masque, le breuvage ultime, le nectar divin, lui, reste encore inaccessible…
Alors, la seconde moitié du tome offre un faux épilogue qui, au-delà de la célébration de la victoire, pose doucement mais sûrement ses pièces en vue d’un tout nouveau chapitre. Shizuku et Issei ne sont pas au bout de leur peine, tandis que se dévoile une commanderie officieuse, devant déterminer l’issue de ce défi une bonne fois pour toutes. Mais pour cela, il faudra s’armer de patience… à moins de profiter de l’occasion pour parfaire ses connaissances sur le vin. Un apprentissage et un héritage qui semble infini, rejoignant ainsi les thématiques décrites dans le douzième apôtre… La fin de cette histoire n’est que le commencement d’une autre.
A l’approche de signer la conclusion de leur manga, Tadashi Agi et Shu Okimoto avaient annoncé que Les Gouttes de Dieu ne seraient pas dévoilées dans ce premier segment, ce qui peut s’avérer particulièrement frustrant après dix ans d’explorations et de découvertes œnologiques. Si certains trouveront que la coupe est pleine, d’autres iront se rassasier avec « Mariage », la suite des aventures qui offrira cette fois autant à boire qu’à manger. Mais en l’état, cette conclusion nous laisse franchement sur notre faim, ou plutôt sur notre soif.
Alain Broutta
LES GOUTTES DE DIEU (KAMI NO SHIZUKU) volume 44 de Shû OKIMOTO et Tadashi AGI (2005)
Gastronomie / Tranche-de-vie, Glénat – Seinen, juin 2016, 224 pages, livre broché 9.15 euros