Ayant pris son courage à deux mains, Takao a réussi à convaincre Nanako de se rendre avec lui ce dimanche chez son libraire favori. Cependant, Sawa a eu vent de ce rendez-vous, et compte bien le pimenter : elle oblige ainsi le pauvre garçon à porter ce jour-là, sous ses vêtements, la tenue de sport volée à Nanako quelques jours plus tôt. Malgré cette entrave, Takao parvient à se détendre une fois arrivé chez le bouquiniste, mais Sawa n’a pas dit son dernier mot…
Le calvaire de Takao se poursuit dans ce second volume, où les choses avancent assez rapidement. En effet, malgré les perturbations commises par Sawa et les changements d’humeurs intempestifs de Takao, qui en feraient fuir plus d’une, ce rendez-vous s’achève « miraculeusement » sur un succès. « L’amour est aveugle », dit-on, mais Nanako n’a que faire de ces péripéties étranges, et accepte même de s’engager officiellement avec notre héros ! Derrière une maladresse narrative évidente, Shuzo Oshimi rappelle les deux pôles qui guideront le récit : la pureté d’un amour platonique contre la perversité des instincts charnels, chacun incarné par une des deux demoiselles. Soit l’ange et le démon, comme l’explicitent certaines illustrations en début de chapitres.
Pour autant, l’histoire ne fait que commencer, et Sawa va continuer à mettre son grain de sel un peu partout ; notamment en devenant amie avec Nanako, afin de transmettre ses confidences à Takao, en versant le vrai comme le faux pour mieux le perdre. Dès le début, cette relation prend ainsi des détours inattendus, au point de désorienter complètement nos deux amoureux. Mais alors qu’on imagine une certaine issue à ses complications, la toute fin du volume offre un rebondissement agréablement plus surprenant. Takao y confesse les bassesses qui sommeillent en lui, dans une scène d’une intensité folle, et donc les conséquences ne seront qu’appréciables que dans le prochain volume…
Au final, si certains événements sont présentés assez maladroitement, il faut y voir avant tout des points de passage pour que Les Fleurs du Mal puissent grandir et éclore en répandant leur parfum vicié. La splendeur de la scène finale nous rassure quant à la puissance des intentions de Shuzo Oshimi, en espérant cependant que la série saura rester sur le même tempo sans trop devenir redondante. Mais pour l’heure, on attend la suite avec impatience !
Alain Broutta
LES FLEURS DU MAL (AKU NO HANA) volume 2 de Shûzô ÔSHIMI (2009)
Suspense / Romance, Ki-oon – Seinen, janvier 2017, 192 pages, livre broché 6.60 euros