L’Italie de XVème siècle. Partie de Qirim et voulant se rendre sur l’île de Crête, Olha fait étape à Ferrare. Là, seule et portant la tenue de sa contrée d’origine, elle attire l’attention de la jeune Lisa. Faisant partie d’une famille noble, elle est cependant surtout connue dans la ville pour son caractère. Très curieuse, éprise de liberté et parfois insolente, elle rêve de découvrir le monde (ou au minimum de sortir de la ville). Après avoir presque forcé Olha à venir dormir chez elle, elle décide de l’accompagner dans son périple. Opposée à cette idée, Maria, la grande sœur de Lisa finit par céder à condition de venir avec elle. Avec un marchand de leur connaissance, Lorenzo, les voilà toutes les 3 sur un bateau en route pour Venise.
Cette petite introduction est le point de départ d’une aventure que nous imaginons très riche. Ce manga se rapproche d’Arte, autre titre de Komikku, par le contexte et l’époque. Nous y retrouvons également une (des) jeune(s) fille(s), en butte aux conventions de leur époque à cause des rêves et des envies qui la (les) anime(nt). Ici Lisa est intelligente, curieuse, avec une grande soif de découverte. Olha est plus réservée mais ayant décidé de faire son périple seule, elle prouve sa détermination. Le point central de ce manga se trouve donc être le voyage, les rencontres, les visites de villes, bref la découverte de nouveaux lieux. Nous sommes plongés dans le 15ème siècle, en peu fantasmé probablement, mais très vivant et assez riche visuellement. Contrairement à Arte, Lisa et Olha semblent éprouver moins de difficulté à organiser leur périple, tout se mettant en place relativement facilement. Mais dans leurs cas, elles ne sont pas vraiment seules et leur but n’est pas de faire quelque chose d’impossible pour les femmes. Bien que présentes, les restrictions et les « conventions » sont cependant moins exigeantes pour elles. Comme le mangaka le signale dans la postface, il a choisi ce lieu et cette époque car… il l’aime bien (et s’est beaucoup documenté dessus) ! Cela peut paraitre une raison simple mais cela lui permet d’être très précis dans ce qu’il met en scène. En témoigne également les explications en fin de chapitre sur la culture, les vêtements, la politiques, etc. Si les dessins ne sont pas trop chargés, les costumes et les bâtiments sont bien retranscrits et détaillés.
L’histoire pourrait n’être donc qu’un prétexte pour tout le côté visuel de l’œuvre. Cependant, les 2 héroïnes mignonnes et attachantes nous entrainent facilement dans leur aventure très dépaysante. Agréable à lire et bien réalisé, ce manga est une nouvelle bonne surprise de la part de Komikku. L’édition n’est pas en reste avec notamment une très belle couverture et une excellente adaptation. A suivre.
Fabrice Docher
LES FLEURS DE LA MER EGEE (AEGEKAI WO WATARU HANATACHI) Volume 1 de Akane HINOSHITA (2019)
Historique / comédie / tranches de vie / aventures, Japon, Komikku éditions, février 2020, 170 pages, 8.50 euros