LES DEUX VAN GOGH (SAYONARA SORCIER) de HOZUMI

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Marchand d’art de génie, Théodore Van Gogh est reconnu pour son talent de vendeur et son charisme. Cependant ses manières parfois nonchalantes et ses critiques sur le monde de l’art en général lui valent des remontrances de la part de son employeur et de l’Académie des Beaux Arts. Mais cela lui importe peu car en réalité il déteste le système actuel. Que l’art ne soit accessible qu’à un public restreint, fortuné, cultivé et prétendument le seul à même de comprendre la beauté de son classicisme figé est pour lui une hérésie. Voilà pourquoi il fraye avec des artistes rejetés par l’académie et tente de faire connaitre leurs œuvres. Voilà pourquoi il perturbe les expositions, les inaugurations, se moquant du soi-disant renouveau de l’art. Il s’est « infiltré » au cœur d’un système qu’il réprouve pour mieux le détruire de l’intérieur. Car selon lui, cela sera le seul moyen de faire reconnaitre le talent immense de son frère, Vincent Van Gogh.

Et si toute la vie de ce prestigieux peintre n’était qu’une invention ? Voici le postulat de départ de la créatrice de ce manga, Hozumi, qui se permet de réinventer complètement le mythe. S’inspirant grandement de la réalité, elle met en avant le frère méconnu de Vincent Van Gogh, par les yeux de qui nous découvrons la réalité artistique de l’époque. Entre le conservatisme de l’Académie et la montée de l’avant-garde des nouveaux styles, nous découvrons les prémisses d’un bouleversement. Et même en ne connaissant rien à l’art, il est facile de comprendre les enjeux, les forces en présence, les rêves de tous les protagonistes. On ressent l’implication de la mangaka tout au long de ces pages, à la fois détaillées et aérées, ainsi qu’à travers tous ces personnages, bien dessinés, réalistes, presque « vivants ». A travers les yeux et les actions de Théodore, elle met en avant une conception de l’art plus proche des gens, plus chaleureuse, plus accessible. Car si notre marchand d’art sait bien ce qui convient à sa clientèle habituelle, tout du moins celle qui recherche vraiment quelque chose, il sait aussi que le peuple peut apprécier l’art, tant qu’on lui présente des œuvres qu’il peut comprendre. C’est cette notion d’élitisme qui sera vraiment mis à mal par la nouvelle génération d’artistes qui apparaitra dans le sillage de Van Gogh. Par sa construction, cette histoire que l’on pouvait craindre aride se révèle en fait passionnante. Tout au long de ce manga assez épais, car regroupant les 2 tomes parus au Japon en 1 seul volume, elle nous entraine dans la relation complexe de 2 frères que tout oppose mais unis dans la même passion d’un art accessible et généreux.

LES DEUX VAN GOGH (SAYONARA SORCIER) de HOZUMI (2013)
Fiction / drame / histoire, Japon, Editions Glénat Seinen manga, 380 pages livre broché 10.45 euros

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