L’ENFANT ET LE MAUDIT (TOTSUKUNI NO SHOJO) volume 1 de NAGABE

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« Si jamais tu rencontres un être de l’extérieur, tu ne dois surtout pas le toucher. A cause de la malédiction… » Une petite fille se réveille toute seule dans une clairière. Elle se dit qu’elle doit se dépêcher avant que le professeur ne la retrouve là. Mais ce dernier arrive et ils repartent ensemble chez eux. Le professeur lui répète qu’elle ne doit pas sortir seule, même si elle s’ennuie car c’est dangereux. Avant de rentrer ils font un détour par le village pour récupérer de la nourriture. Comme les maisons sont abandonnées, ils servent dans ce qu’ils trouvent. Avant de partir, ils aperçoivent une silhouette sur l’autre rive de la rivière. Cela semble être quelqu’un de l’extérieur qui, bien qu’il ne devrait pas être là, ne les a pas remarqués. Plus tard, alors qu’ils ont chez eux, la petite fille dit au professeur que la silhouette lui ressemblait, comme elle était toute noire. Et il est vrai qu’il est lui aussi quelqu’un de l’extérieur, avec une tête déformée, des cornes et pas de bouche. Comme il est maudit, la petite fille ne doit pas le toucher, sinon elle risquerait de devenir comme lui. Malgré tout il reste auprès d’elle, en attendant que quelqu’un vienne la chercher…

Qu’est-ce que l’intérieur et l’extérieur ? D’où vient la malédiction ? Pourquoi la petite fille est-elle là ? Qui est exactement le professeur ? Pourquoi le village est-il vide ? Tant de questions se bousculent encore mais l’important n’est pas là. Le principal est la relation entre la petite fille et le professeur, ainsi que le fait qu’ils vivent ensemble. La 1ère sait ce qu’est la malédiction, elle sait que le 2nd en est atteint et qu’elle ne doit pas le toucher mais elle reste avec lui. Bien que son compagnon ne mange pas (il ne dort pas également ni ne ressent plus rien physiquement), ils vont chercher de la nourriture ensemble, prennent le thé à deux, et le professeur s’essaye même à la cuisine. Malgré leur situation, leur isolement, la condition qui les éloigne physiquement, ils vivent normalement, la petite fille fabriquant des colliers de fleurs et lui s’occupant du plus gros des tâches domestiques. C’est une symbiose étrange entre 2 êtres qui ne se connaissaient pas à la base et qui ne devraient pas être ensemble. Leur différence est accentuée par le fait que l’une, à la couleur de cheveux très clair, est toujours habillée en blanc et l’autre, entièrement noir, porte des vêtements sombres. Elle est une jeune enfant peu farouche, ce qui peut expliquer qu’elle se soit rapprochée de lui mais on ne comprend pas pourquoi ce qui pousse le professeur à s’occuper d’elle. Leur relation pourra t-elle durer, avec ce qu’il lui cache ? Au-delà de toutes ces considérations, ce qui prime est l’atmosphère qui se dégage de cette lecture. Si on met de côté le passage avec les soldats, tout n’est que calme, poésie et harmonie. La relation entre ces 2 êtres, leur vie de tous les jours, simple et pourtant peu banale, sont une ode à la tolérance, à l’acceptation de la différence. Tout ne sera pas toujours simple, à l’image de ce que vont impliquer les dernières pages du tome, mais cette histoire, bien que lente, intrigue et fascine. Le dessin, assez épuré, participe à cette ambiance et renforce l’impression de relative sérénité : ces 2 êtres, par-delà ce qu’ils sont et ce qu’ils attendant, souhaitent avant vivre en paix. Différent des récits habituels de fantasy ou de fantastique, c’est une belle surprise à suivre avec intérêt.

Fabrice Docher

L’ENFANT ET LE MAUDIT (TOTSUKUNI NO SHOJO) volume 1 de NAGABE (2016)

Fantasy, Japon, Komikku Editions, mars 2017, 178 pages, livre broché 7.90 euros

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