La police enquête sur le meurtre d’un homme retrouvé dans une gare de Tokyo. Leur seul indice est le mot “Kameda” prononcé avec l’accent du Nord du Japon…
Comme pour L’été du démon (et plusieurs autres de ses films) le réalisateur Yoshitaro Nomura adapte une nouvelle de Seicho Matsumoto, que l’on qualifie souvent de “Simenon japonais”. Dans la première partie du film, on distingue nettement la patte du romancier dans cette enquête méticuleuse, où chaque détail compte. Nomura nous place d’entrée au cœur de l’investigation, qui rebondit d’une scène à l’autre au rythme des informations glanées. Un certain aspect procédurier, ainsi que le flou dans lequel évoluent les inspecteurs, donnent réellement le sentiment d’avancer à leurs côtés sur cette affaire. Le film ravira ainsi les amateurs d’intrigue policière classique, et serait déjà très bon s’il se cantonnait à cet aspect, l’enquête étant également un voyage à travers le Japon, avec une photographie et des décors naturels de toute beauté. Mais dans la seconde partie, Nomura va dépasser ce simple cadre narratif, et surprendre le spectateur en conférant au film une autre ampleur. Il va en effet lui donner, au fil de l’explication du crime, une incroyable dimension dramatique, notamment par l’insertion de certains thèmes qu’il affectionne comme la cruauté de l’être humain ou la relation père / fils. Pendant près d’une heure, et quasiment sans dialogue, le drame d’un homme nous est exposé, tandis que, monté en parallèle, celui-ci interprète au piano un concerto inspiré de sa vie, et qui vient donc directement illustrer ce que l’on voit à l’écran. Certes, ce procédé peut paraître facile, artificiel, voire mièvre. Mais il démontre surtout un immense talent de cinéaste, et il est très difficile de ne pas se laisser émouvoir.
Éditeur : Wild side Video
Pays : Japon