Le 9e Festival Asiatique de Deauville au mois de mars dernier était très certainement l’une des meilleures éditions depuis des années avec une volonté affirmée d’aller de l’avant.
En plus d’une programmation renforcée désormais riche d’une cinquantaine de films répartis dans quatre salles de cinéma et sur quatre jours, le festival était précédé par une journée conférencière organisée par un grand quotidien français. Etaient à l’ordre du jour une conférence suivie d’une table ronde sur l’avenir des relations économiques entre les pays asiatiques et le reste du monde, puis un rapide passage en revue des arts et cultures asiatiques. Bien évidemment loin d’être exhaustifs, les deux sujets étaient pourtant d’un excellent contenu riche en révélations. Des sujets, qui s’accordaient parfaitement au contenu de certains films aux sujets plus sérieux diffusés durant les jours suivants au festival.
D’autre part, l’organisation festivalière a pris à cœur de développer le « village asiatique », un espace réservé à des professionnels pour vendre différents produits en lien plus ou moins direct avec l’Asie, des stands d’information d’études à l’étranger et des offices de tourisme pour promouvoir des destinations vacancières. Un marché sans doute dans un but purement mercantile, mais qui apporte définitivement un « plus » à la programmation des films en elle-même.

Im Sang-Soo
Talents multiples
Chose, que l’on aurait aimé dire du dernier film de Tian Zhuang Zhuang, qui nous avait tellement ému du temps de son « Cerf-volant bleu ». « Go Master », ambitieuse biographie du réputé meilleur joueur mondial de go, s’emmêle malheureusement les pinceaux à trop vouloir dresser des maladroits parallèles entre la vie du joueur et des épisodes historiques plus ou moins récents. Même la lenteur des plans ne rattrape pas la médiocrité du récit.
Tout le contraire du dernier film de Im Sang-soo (« The President’s Last Bang »), qui réussit brillamment la transposition à l’écran du roman « Le Vieux Jardin » de Hwang Sok-yong. L’histoire, véritablement émouvante, est celle d’un activiste politique, qui découvre les journaux intimes écrits à son intention par sa fiancée décédée entre-temps. Ce film confirme sa capacité toujours renouvelée à mettre des histoires en images, autant qu’à explorer les tréfonds psychologiques de ses personnages.
Un talent, que l’on souhaite de tout cœur à la jeune Tan Chui Mui, couronnée de nombreux prix pour son premier long, « Love Conquers All ». Autre espoir de l’actuelle « Nouvelle vague malaisienne », elle ne dispose pas encore des fonds nécessaires pour tourner autrement qu’en vidéo digitale, mais réussit à transmettre brillamment les sentiments de ses personnages principaux. Un jeune espoir, qui devrait rapidement confirmer l’étendue de son talent.
Et une dernière pensée à l’une des « séances tardives » parmi les plus réussies : l’inénarrable « Krrish », mettant en scène le tout premier super-héros…indien ! Suite officieuse de « I found someone » (« Koi…Mil Gaya »), met en scène Rohit, enfant d’un extra-terrestre doté de superpouvoirs, qui deviendra la coqueluche des médias après avoir quitté les montagnes pour la ville de Singapour. Que demander de plus que de voir un super-héros s’arrêter en plein vol pour entamer une petite chansonnette sur les toits des buildings singapouriens. Du pur bonheur bollywoodien pour tous les aficionados du genre !
Une neuvième édition asiatique riche en émotions et découvertes plaisantes, qui redonne foi en son organisation et annonce un dixième anniversaire événementiel à ne rater sous aucun prétexte !!!
Avril 2007
Pays : Asie