L’éditeur de manga Shiozawa a démissionné de son poste « pour raisons personnelles », du jour au lendemain et à la surprise de tous. Il faut dire qu’il avait passé 30 ans au sein de la même maison d’édition.
Quinquagénaire célibataire, il vit à l’écart de la bruyante capitale et converse quotidiennement avec son moineau de Java. Ne parvenant pas à tourner la page, il décide de créer sa propre structure pour éditer les auteurs qu’il admire et donc “le manga idéal”.
Dans ce 2è tome, il donne suite aux rencontres initiées dans le 1er et donne ainsi à voir l’envers du décor du monde du manga. Les éditeurs et leurs poulains, les dessinateurs constituent une galerie de figures toujours attachantes avec leurs fêlures et leurs faiblesses. On suit ainsi Aoki à qui le succès donne des envies de fuite tant il est miné par le doute. Ou Chôsaku qui ne peut s’empêcher de dévorer, mais à quel prix. Ou bien encore Makoto Nishioka, ce vieux dessinateur encore empli de la poésie de l’enfance, mais qui pense qu’il n’a plus la force d’inventer tout un manga.
On sent que Taiyô Matsumoto en connaît un rayon ! Mais à cet aspect très réaliste et prosaïque du métier s’ajoute une poésie toute particulière qui traverse les lieux et les échanges entre les personnages. Le trait du créateur d’Amer Béton est décontracté et efficace, son noir et blanc alerte et débridé.
Mais ce 2è tome est empli d’une nostalgie palpable à chaque planche. Celle du manga dévoreur d’énergie, presque vampirique pour son auteur et de l’éditeur aux petits soins pour lui afin qu’il se donne à fond.
Un 3è tome est à paraître fin mars.
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Tokyo, ces jours-ci de Taiyô Matsumoto, traduit du japonais par Thibaud Desbief, 216 pages, 13,25€, éd. Kana. En librairie le 10 janvier 2025.