L’attrait du Japon, qu’il soit physique ou spirituel bat son plein en cette fin d’année.

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Trois livres, trois explorations intimes et personnelles du pays du Soleil-Levant sous des formes diverses.

L’art japonais du bonheur, un voyage au pays du Soleil-Levant et en soi-même de Le Yen Mai annonce immédiatement la couleur. Il s’agit de s’inspirer de la sagesse ancestrale nipponne pour trouver le chemin du bonheur. L’autrice nous propose ainsi une promenade métaphorique à travers les lieux emblématiques du Japon pour dispenser ses quinze préceptes comme autant de voies d’accès au bonheur. Du wabi sabi, l’éloge de l’imperfection, au Mono no aware, la beauté dans la fragilité de l’existence ; en passant par Omotenashi, identifier à l’avance les besoins des autres, Danshari, l’éloge du minimalisme et autres, Le Yen Mai met en avant la puissante source d’inspiration qu’est la pensée japonaise.

Et ce n’est pas Amélie Nothomb qui la contredira ! Dans Le Japon éternel, Voyage sous les fleurs d’un monde flottant, adaptation d’un podcast réalisé avec Laureline Amanieux et enrichi de superbes photographies en noir et blanc, elle revient sur sa « mythologie personnelle ». Celle des kamis et autres récits du Kojiki qui remontent à l’occasion d’une visite du jardin d’Albert Kahn à Boulogne Billancourt (1). « Mes premiers souvenirs sont japonais. Je me suis très longtemps crue japonaise, c’était ma conviction profonde. J’y croyais d’autant plus que je vivais au cœur du plus beau Japon, celui du Kansai, du Sud, tout près de Kyoto et Nara, qui sont les plus belles villes du monde. » Et de déployer toute la tradition, passant par les différentes voies du bouddhisme, du zen, des samouraïs et même de l’élégance ! Une conversation à bâtons rompus qui balaie, tous azimuts, la spiritualité, l’histoire, la cuture nipponnes et en retire le meilleur comme une leçon à retenir.

Enfin Tokyo-Bohême, Au fil des rencontres 1970-2024 de l’ancien correspondant du Monde à Tokyo, où il réside toujours : Philippe Pons. Le livre se veut un envers de « Tokyo ville globale ». Le journaliste y met en avant « des lieux singuliers, des modes de vie, des usages, des comportements, des sensibilités. Ces « petits riens » qui tissent le quotidien de la nébuleuse de « gens de peu » que l’on croise sans les voir ». Il retrace ainsi une « déambulation dans la mémoire,  un recueil de moments glanés au hasard des rencontres, ces vignettes racontent un passé épinglant des traces d’un Tokyo qui se métamorphose. ». Et qui nous fascine tant les souvenirs du journaliste font renaître une histoire sociale méconnue, à la marge, négligée même comme ce goût, début XXè siècle, pour le travestissement, ou bien cette pensée qu’ont les sans abri que ce qui leur arrive est de leur faute. Fascinante aussi, cette traversée nocturne avec des réflexions poétiques sur « la nuit en archipel », « l’envers du jour » par exemple. Et puis ces rencontres et amitiés nées dans des lieux complètement interlopes comme le bar du transgenre Ichiyo à Yoshiwara où trainait un slip d’Ava Gardner !

Pittoresque à souhait, très instructif et totalement atypique, la déambulation en vaut la peine !

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

(1) Lire notre chronique : https://asiexpo.fr/le-jardin-dalbert-kahn-un-tour-du-monde-botanique-a-decouvrir-absolument/

L’art japonais du bonheur, un voyage au pays du Soleil-Levant et en soi-même de Le Yen Mai, 256 pages, 18,90€, éd. Vuibert. En librairie le 16 10 2024.

Le Japon éternel, Voyage sous les fleurs d’un monde flottant d’Amélie Nothomb et Laureline Amanieux, 352 pages, 24,90€ éd. Albin Michel. En librairie le 17 10 2024.

Tokyo-Bohême, Au fil des rencontres 1970-2024 de Philippe Pons, 264 pages, 24€, coll. Témoins, éd. Gallimard. En librairie depuis le 05 09 2024.

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