L’album Les nekomata d’Ayako Ishiguro paraît aux éditions du Cosmographe.

Les nekomata, ce sont des yokai en forme de chats. Selon la légende, ils vivraient des centaines d’années. Et Ayako Ishiguro nous les fait découvrir dans la vie quotidienne d’une famille de yokai chats sur une année entière. Car « les nekomata vivent comme les Japonais…mais pas tant que ça » nous dit la couverture de cet album complètement fantaisiste et plein d’humour.

À mi-chemin entre l’estampe traditionnelle et l’illustration contemporaine dont elle est issue, Ayako Ishiguro retrace la vie d’un couple de nekomata, de son mariage à la naissance de ses quintuplés puis de leur première année d’école. Le tout rythmé par un syncrétisme vivifiant mélangeant les fêtes japonaises comme le Tango no sekku ou les matsuri aux célébrations plus occidentales comme la fête des mères et des pères ou Halloween ou bien purement nekomata tel le festival de la méduse électrique ou le changement de peau achetée au magasin des pelages ou encore le trajet effectué en taxi limace lors de la saison des pluies.

L’artiste contemporaine croque ainsi un riche bestiaire à travers un quotidien rituel rythmé aussi par les saisons. Mois par mois, sur une double page grand format, elle les met en scène dans un joyeux délire fourmillant et foisonnant de détails tous plus insolites les uns que les autres. Le tout à la façon d’un Jérôme Bosch ou d’un Bruegel l’Ancien, mais japonais. Le trait est alerte et fluide, à l‘aise en somme.

En fin d’album on trouve aussi un jeu de « cherche et trouve » dans une fête d’anniversaire et puis un formidable glossaire. Ce dernier reprend des illustrations d’emakimono, ces rouleaux illustrés et calligraphiés qui relatent des histoires remontant parfois jusqu’au XIè siècle. C’est là que l’autrice a puisé la naissance des nekomata semble-t-il. Elle en explique le vocabulaire. On y apprend par exemple, en septembre, la croyance Jishin namazu selon laquelle « un silure gigantesque caché dans le sous-sol serait responsable des séismes au Japon » ou bien, en décembre, ce qu’est le kumado.

Un drôle d’album jeunesse qui délie l’imagination et en apprend beaucoup sur les traditions du pays du soleil levant.

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

Les Nekomata d’Ayako Ishiguro, traduit du japonais par Alice Hureau, 56 pages, 22 €, éd. du Cosmographe. En librairie le 17 octobre 2025.

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