S’il est une certitude, c’est que d’ici une dizaine d’années, la Chine sera encline à une confrontation armée avec son grand rival : les USA. En cause : les tensions grandissantes entre les deux géants avec notamment une guerre commerciale depuis 2018 qui ne cesse d’exacerber leur vanité. Cette rivalité ne laissera que deux alternatives aux belligérants. Soit ils s’affronteront et toute l’humanité disparaîtra dans un formidable feu d’artifice. Soit ils s’allieront et le reste de l’humanité avec eux pour maîtriser un troisième paramètre : le changement climatique.
En effet, depuis des dizaines d’années il découle inexorablement de l’égoïsme humain. C’est ce que nous démontre le géopolitiste Jean-Michel Valantin dans son dernier ouvrage l’aigle, le dragon et la crise planétaire.
Après un rapide historique de la main mise de l’Occident sur la Chine au cours du XIXe siècle, l’auteur analyse comment chacun des deux géants agit en prédateur des ressources terrestres. Et ce, dans une opposition d’interdépendance allant jusqu’à mettre en péril le système-Terre.
Aujourd’hui, par exemple, la Chine alliée avec la Russie, ouvre une nouvelle route maritime grâce à la fonte des glaces de l’Arctique. Ainsi, elle gagne quelques semaines sur son temps de transport et assied la suprématie de son commerce. Également en ligne de mire du politiste, la nouvelle route de la soie décidée par Xi Jinping. Elle rapatrie chez elle tout ce dont elle a besoin pour sa croissance énergivore. Quant à l’Amérique, elle surexploite depuis des décennies, l’extraction des ressources naturelles afin d’accroître sa puissance militaire.
Mais ces razzias sans vergogne impliquent, aujourd’hui, que le couple communément dénommé Chimerica se retrouve en état d’« hypersiège ». « Ce concept vise à expliciter la façon dont un nombre rapidement croissant de sociétés contemporaines sont soumises aux mêmes effets qu’un siège par les dérèglements environnementaux planétaires… » analysait l’auteur dans son précédent ouvrage : Géopolitique d’une planète déréglée, le choc de l’anthropocène.
La montée des eaux met en péril toute la stratégie de l’US Navy. Il n’y a qu’à voir les inondations continues de la base de Hampton roads, lieu de la remise en état de la flotte de porte-avions yankees. Sans parler des îles du Pacifique, nombreuses autres bases stratégiques sur le point d’être submergées. De son côté la Chine voit la même menace dans sa mer. Elle y avait militarisé de nombreux îlots ne lui appartenant pas afin de faire face à toute intrusion en projetant ses forces loin de son territoire.
Ces quelques exemples démontrent bien toute la pertinence de l’analyse de l’auteur. C’est avec une stupéfaction grandissante que l’on se plonge dans l’accumulation de preuves quant à la main mise des deux géants sur la planète. Et il faut être très optimiste pour adhérer à la thèse finale de l’auteur. Qui vivra verra, peut-être…
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON L’Aigle et le Dragon Le choc Chine-Etats-Unis dans le dérèglement planétaire, Jean-Michel Valantin, éd. du Seuil, 2020, 368 p., 22€ (e-book : 15,99€). En librairie le 6 février.