Une artiste douée en quête de reconnaissance. Un humoriste prétentieux qui veut accéder à la gloire. Une jeune fille ayant horreur des boutons. Un mari inconsolable qui veut retrouver son épouse disparue en mer. Un détective loufoque voulant confirmer ses déductions forcément justes. Des soldats perdus dans une guerre désespérée cherchant une issue. Un jeu de survival inoffensif mais qui ne l’est finalement pas tant que cela. Nous tous pouvons avoir une bonne raison d’utiliser une allumette ou une bougie. Seulement sommes-nous prêts pour les conséquences ou pour tout ceux que peuvent impliquer nos souhaits et rêves ?
Le dernier tome de « la Petite Fille aux Allumettes » nous laisse un sentiment mitigé. Son dessin un peu spécial, sa mise en scène parfois psychédélique, son humour décalé, peuvent rebuter. Cependant l’intelligence des histoires, la profondeur des réflexions qui en découlent, rendent sa lecture très intéressante. La complexité de l’esprit humain et ses réactions face à ses désirs profonds sont le terreau fertile très fertile de cette œuvre. Nous sommes en effet très forts pour nous créer des envies, pour nous glorifier de nos résultats ou nous plaindre du sort qui s’acharne sur nous. Mais lorsqu’il s’agit de vraiment analyser une situation, de faire face à la réalité ou faire de réels efforts, là c’est tout de suite plus compliqué. Certains protagonistes y arriveront mais la plupart se feront prendre aux pièges des « chimères » et des « souhaits » proposés par ses étranges petites filles. Pour en revenir à elles justement, nous découvrons dans ce tome l’histoire, forcément triste, de la « naissance » de Rin. Par contre qu’en est-il de sa relation avec Chim, One et Ren ? A quel moment les a-t-elle rencontrés ? Nous ne le saurons jamais avec qu’une photo laissait supposer plus qu’une complicité entre Rin et Chim. Même si cela aurait été un plus de connaitre les origines de tous les enfants, ceci et quelques petits défauts ne viennent pas entacher le vrai intérêt de cette œuvre. Comme je l’ai déjà dit, la richesse des sujets et leur traitement sont une bonne source de réflexion sur la nature humaine. Difficile de ne pas ressentir un certain malaise à la fin de certaines histoires, mais l’important est que cela nous pousse à nous remettre en question. En cela « la Petite Fille aux Allumettes » remplit parfaitement son rôle avec, en prime, une pointe de divertissement.
Fabrice Docher
LA PETITE FILLE AUX ALLUMETTES (THE LITTLE MATCH GIRL) volume 6 de Sanami SUZUKI (2018)
Fantastique / comédie / drame, Japon, Komikku éditions, juillet 2018, 244 pages, livre broché 7.90 euros