Atoko a 25 ans quand elle revient à Kamakura, ancienne capitale impériale près de Tokyo. Elle était partie depuis plusieurs années pour échapper à la rudesse de sa grand-mère. Suite à son décès, elle revient lui succéder à la tête de la papeterie Tsubaki. Elle reprend aussi la fonction d’écrivain public que la vieille femme lui avait autrefois enseignée, de façon très rigoureuse et codifiée au travers de la calligraphie.
Cet art d’écrire pour les autres, Atoko s’y donne pleinement par le choix de l’encre, du papier, du style de calligraphie et même de l’enveloppe et du timbre. Tout est important dans la lettre pour répondre au mieux aux demandes : lettre d’amour mais aussi de divorce, de vœux ou de rupture, de refus de prêt et même de condoléances… d’un singe ! Elle permet ainsi à chacun de dire ce qui n’est pas facile. Petit à petit, sa simplicité et son ouverture d’esprit incitent les gens du quartier à fréquenter la papeterie . Elle devient un beau lieu de rencontres et de réconciliation.
Ogawa Ito, auteure de 45 ans, s’était fait apprécier du public français avec son best-seller “Le restaurant de l’amour retrouvé”. L’originalité de son dernier opus est de nous offrir les lettres calligraphiées par Atoko, ce qui nous permet d’apprécier les différents styles utilisés selon le thème et le destinataire comme cette encre diluée qui simule les larmes. Le style est simple, purement descriptif. Il s’attache aux détails du quotidien. Il y a peu de péripéties et d’intrigue. L’important réside dans les liens qui se nouent ou se renouent tels ceux qu’Atoko tisse avec ses clients mais aussi ceux qu’elle renoue avec sa grand-mère décédée . La valeur thérapeutique des mots est ici à l’œuvre !
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
La papeterie Tsubaki , Ogawa Ito,traduit du japonais par Myriam Dartois-Ako, 384 pages, chez Philippe Picquier, 20€.